Période
4e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
Le viaduc de Vaur, en totalité, situé à Tauriac-de-Naucelle (Aveyron) sur les parcelles section AH, numéros 122, 146 et 211, et à Tanus (Tarn), sur les parcelles section E, numéros 2, 9 et 882, tel que figuré en rose sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 28 décembre 2021
Origine et histoire du Viaduc du Viaur
Le viaduc du Viaur, édifice ferroviaire en acier de la ligne de Castelnaudary à Rodez, a été conçu pour désenclaver le Ségala et faciliter les échanges entre l'Aveyron et le Tarn après que la liaison Carmaux–Rodez eut été déclarée d'utilité publique le 27 décembre 1879. Le tracé adopté en 1881 se heurtait au franchissement de la profonde vallée du Viaur, ce qui entraîna l'ouverture d'un concours d'ingénierie à la fin des années 1880. La Société de Construction des Batignolles, par l'ingénieur Paul Bodin, proposa un pont fondé sur des arcs équilibrés en porte-à-faux offrant une large portée ; son projet fut retenu le 30 août 1889, puis modifié en 1891 pour ramener l'ouverture centrale à 220 mètres. La première pierre fut posée le 9 mai 1895 et les travaux de maçonnerie commencèrent véritablement en novembre 1896 ; ces maçonneries furent achevées en décembre 1899. Les éléments métalliques, fournis par Le Creusot, Denain et Pompey et préparés dans des ateliers parisiens, furent d'abord assemblés à plat sur le plateau de la Coudénié avant d'être montés sur site. Le montage, dirigé par Jean Compagnon, s'est déroulé en deux étapes : construction des demi-arches en rive avec un échafaudage fixe déplacé ensuite sur l'autre rive, puis élévation en porte-à-faux de la travée centrale au moyen d'un dispositif dit la « baleine ». La jonction des deux moitiés du pont s'effectua le 4 juillet 1902 avec une précision remarquable — l'écart constaté à la clé fut inférieur à deux millimètres. Le viaduc fut inauguré le 5 octobre 1902 et mis en service le 18 décembre 1902 ; aucun accident mortel n'est à déplorer pendant sa construction. Assemblé par rivets, l'ouvrage est constitué de deux poutres cantilever articulées et équilibrées, chacune prolongée par une courte poutre et reliée à une culée en maçonnerie à deux arches ; il reste le seul pont français réalisé selon cette technique. À l'origine la clé de l'arc central n'était pas soudée, les deux parties étant indépendantes ; elles furent soudées peu après pour faciliter l'entretien. Le viaduc se distingue aussi parce que la voie ferrée passe au sommet de la structure, et non au milieu comme sur d'autres ponts à poutres en porte-à-faux. Sa longueur totale est de 460 mètres, sa hauteur atteint 116 mètres au-dessus de la rivière (54 mètres au-dessus des appuis), sa portée entre appuis est de 220 mètres et sa masse métallique est estimée à 3 800 tonnes ; le coût total, culées comprises, s'élevait alors à environ 2 700 000 francs. Situé entre les points kilométriques 450,909 et 451,369, il s'étend sur les communes de Tauriac-de-Naucelle (Aveyron) et Tanus (Tarn). Des opérations de réfection ont eu lieu entre 1979 et 1981 puis au début des années 2000, puis une importante rénovation s'est déroulée de 2014 à 2017 pour un montant de 26 millions d'euros. Classé au titre des monuments historiques le 28 décembre 2021, le viaduc du Viaur a inspiré des créations artistiques, notamment le tableau Construction d'un Viaduc d'Henri-Marcel Magne, et figure dans la nouvelle Lo Pan de Froment de Joan Bodon.