Patrimoine classé
Cour intérieure, son portique, ses accès : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades intérieures et extérieures et toitures des immeubles 22, 24, 28, 32, place du Général-de-Gaulle (anciennement Grand-Place) : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades intérieures et extérieures et toitures des immeubles 2, 4, 6, 8, 10, 12, rue des Sept-Agaches : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades intérieures et extérieures et toitures des immeubles 9, 11, 13, 15, rue des Manneliers : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades intérieures et extérieures et toitures des immeubles 1, 3, 5, rue des Manneliers (cad. LR 107) : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades extérieure et intérieure et toiture des immeubles 3, 5, 7, 9, 11, place du Théâtre : classement par arrêté du 25 mai 1921 ; Façades intérieure et extérieures et toiture du 30, place du Général-de-Gaulle (anciennement Grand-Place) : classement par décret du 9 juin 1923 ; Façades extérieure et intérieure et toitures de l'immeuble 7, rue des Manneliers : classement par décret du 9 juin 1923
Personnages clés
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| Philippe IV d'Espagne |
Roi d'Espagne ayant autorisé la création de la bourse. |
| Julien Destrée |
Architecte ayant conçu et dirigé la construction de la Vieille Bourse. |
| Charles Benvignat |
Architecte responsable de la restauration au XIXe siècle. |
| Napoléon III |
Empereur ayant participé à des cérémonies et encouragé la création d'une école industrielle. |
| Jean-Baptiste Dumas |
Sénateur et chimiste ayant joué un rôle dans la création de l'École centrale de Lille. |
| Frédéric Kuhlmann |
Chimiste et industriel ayant prononcé un discours lors des cérémonies de 1853. |
Origine et histoire de la Vieille Bourse de Lille
La Vieille Bourse de Lille, située entre la Grand'Place et la place du Théâtre, est l’un des monuments les plus prestigieux de la ville. Construite au milieu du XVIIe siècle et datée de 1653, elle a été classée monument historique en 1921 et 1923. Le bâtiment quadrangulaire est formé de 24 demeures identiques qui entourent une cour intérieure, aujourd’hui fréquentée par des bouquinistes, des fleuristes, des joueurs d’échecs, des flâneurs et des touristes. Le site est desservi par la station de métro Rihour. Construit alors que Lille était sous souveraineté espagnole, l’édifice a été restauré au XIXe siècle puis de 1989 à 1998 grâce à un mécénat d’entreprise; plusieurs grandes sociétés régionales ont apposé leur blason sur les cartouches des fenêtres supérieures lors de ces restaurations. En 1651 le magistrat obtint de Philippe IV d’Espagne l’autorisation de créer « une bourse à usage des marchands » entourée de vingt-quatre maisons; la ville vendit les parcelles à ces commerçants et prit en charge la construction des galeries, du pavement de la cour et des quatre entrées. L’architecte Julien Destrée fut chargé d’établir le plan en avril 1652 et imposa l’uniformité des façades, des hauteurs et des aménagements, les propriétaires devant bâtir leurs maisons simultanément; les travaux s’étendirent du printemps 1652 à l’automne 1653. Destrée s’inspira des grandes bourses flamandes et hollandaises, notamment celle d’Anvers, et la Vieille Bourse remplaça la fontaine au Change alors disparue; la cour était à l’origine privée et ses entrées réservées. L’architecture, caractéristique de la Renaissance flamande du XVIIe siècle, multiplie les ornementations — guirlandes de fruits, cornes d’abondance, pilastres et trumeaux richement sculptés — et se couronne d’une statue de Mercure, emblème du commerce, au sommet du campanile. En 1853 la chambre de commerce organisa une réception en présence de Napoléon III et posa la première pierre d’une statue de Napoléon Ier, marquant le lancement d’un chantier de rénovation des portes et de la galerie confié à l’architecte Charles Benvignat; lors de ces cérémonies Frédéric Kuhlmann prononça un discours soulignant le rôle des inventeurs et des industries locales et évoquant des mesures et des récompenses qui avaient favorisé des filières comme la filature du lin et la fabrication du sucre de betterave. Napoléon III délégua le sénateur Jean‑Baptiste Dumas pour des échanges avec la chambre de commerce en vue de la création d’une école industrielle, qui deviendra l’École centrale de Lille; la statue de Napoléon Ier fut transférée au Palais des beaux‑arts de Lille en 1976. En 1861 fut ouverte, dans les locaux de la Vieille Bourse, une bourse des valeurs où les mines de charbon prirent une large place jusqu’en 1910; cette place financière resta peu liquide, avec seulement 3,4 % du capital échangé chaque année. L’exemple de la Compagnie de Lens illustre cette période : une action valait 44 700 francs en 1875 et multiplia par vingt-deux en seize ans, avant une introduction en Bourse de Paris en 1902. La Bourse fonctionne encore jusqu’à l’inauguration de la nouvelle Bourse en 1920, date à laquelle l’ancien bâtiment prend le nom de Vieille Bourse. La cour intérieure, accessible par quatre entrées — seule celle située place du Théâtre est équipée d’une rampe pour fauteuil roulant — porte, à l’intérieur de chaque accès, un cartouche rappelant des valeurs comme « L’Industrie reconnaissante », « Aux tribunaux et chambre de commerce », « Au génie inventif » et « Honneur au travail ». Quatre galeries couvertes forment la cour : la galerie du campanile, la galerie des courtiers, la galerie du théâtre et la galerie des agents de change, chacune comportant des demeures numérotées réparties le long des galeries. Une plaque, entre les numéros 1 et 2, rappelle la visite de Napoléon III et la présence, jadis, de la statue de Napoléon Ier au centre de la cour. Les façades intérieures rendent hommage à des personnalités scientifiques et industrielles : Joseph‑Marie Jacquard et Philippe de Girard figurent côté Grand'Place, tandis que Claude Louis Berthollet, Jean‑Baptiste Dumas, André‑Marie Ampère, Josué Heilmann et Louis Pasteur sont honorés côté rue des Manneliers; Alexandre Brongniart, Frédéric Kuhlmann, Nicolas Leblanc et Guillaume Louis Ternaux sont célébrés côté rue des Sept Agaches; enfin Augustin‑Pierre Dubrunfaut, Ernest Feray, Blaise Pascal et Denis Papin figurent côté place du Théâtre. De 1995 à 2009, les étudiants de l’IAE de Lille organisaient un festival de jazz intitulé Le Printemps de la Vieille Bourse, célébrant le lieu et son rayonnement culturel.