Origine et histoire de la Vieille église
La vieille église Saint-Lunaire, située place du Pilori à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), occupe avec son enclos l’emplacement d’un monastère primitif du VIe siècle et la paroisse aurait été évangélisée par Saint-Lunaire en 540. L’édifice roman conserve une nef du XIe siècle, flanquée dès l’origine de collatéraux et prolongée par un chœur reconstruit vers 1350 par Alain de Pontual. Les chapelles formant le transept sont la chapelle des Pontbriand, nord, datable de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle, et la chapelle des Pontual, sud, légèrement postérieure et attribuée au XVe siècle. Les collatéraux actuels sont des réfections des XVIIe et XVIIIe siècles ; le bas-côté sud a été édifié en 1686 à l’initiative du recteur Thomas Lemaistre, tandis que le chœur et le bas-côté nord ont fait l’objet de reprises à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. Des aménagements et remaniements sont également attestés au XIXe siècle, notamment la jonction réalisée vers 1840 entre le bas-côté sud et la chapelle des Pontual. L’église, trapue et hétérogène, est construite en moellons de granite et couverte d’ardoises ; sa façade occidentale, aveuglée après la suppression d’un oculus en 1853, ne comporte qu’un portail en arc brisé. Un petit clocher carré, percé de petites ouvertures et surmonté d’une courte flèche octogonale, se dresse aux deux tiers de la nef. À l’est, l’édifice se termine par une abside à pans coupés éclairée par deux fenêtres, tandis que les flancs présentent des fenêtres plein-cintre des XVIIIe et XVIIe siècles et des gerbières accompagnant les bas-côtés.
On pénètre par une porte occidentale en descendant neuf marches ; les murs latéraux de la nef, datés du XIe siècle, montrent une succession de trois arcades plein-cintre reposant sur des pilastres rectangulaires et percés de petites meurtrières asymétriques. Un couvrement en bois à entraits soutient la nef et la dernière travée laisse apparaître la charpente supportant le clocher ; l’arc triomphal d’origine romane a été repris au XIVe siècle. Les collatéraux, de structure plus récente, sont éclairés par trois grandes baies plein-cintre et le bas-côté sud, surélevé de deux marches, conserve deux portes donnant sur l’ancienne placître, dont celle des femmes datée de 1686.
Le chœur, rebâti au milieu du XIVe siècle et remanié ultérieurement, conserve des arcades brisées ouvrant sur les chapelles-transept ; l’arcade sud, dépourvue de colonnes, affiche déjà un caractère flamboyant, tandis que la chapelle nord présente une fenêtre à meneau au réseau flamboyant et abrite un autel avec ses deux crédences. Une sacristie a été greffée au XVIIIe siècle à l’angle du chœur et du bras de transept nord.
L’église abrite plusieurs gisants médiévaux : dans la chapelle des Pontbriand se trouvent les gisants d’Olivier de Pontbriand et de son épouse la dame de la Tendourie (vers 1420) logés en enfeus, ainsi que ceux de Colin de Pontbriand et Jeanne de Mauny (vers 1380), transférés en 1893 et classés en 1971 ; la chapelle des Pontual conserve le gisant de Jeanne le Bouteiller, épouse de Jean I de Pontual (vers 1400), classé en 1892, et le gisant d’Alain de Pontual (vers 1360), anciennement placé au milieu du chœur.
Le tombeau de saint Lunaire, classé en 1892, repose sous l’arc triomphal depuis 1954 ; il se compose d’un sarcophage gallo‑romain en granite portant autrefois l’inscription MAGISTER LVNEVERIVS et surmonté d’une dalle sculptée en haut-relief du XVe siècle représentant l’évêque en ornements, entouré d’anges, d’une colombe et d’un quadrupède symbolique ; le monument repose sur un tronçon de colonne à têtes sculptées et deux supports figurant des anges lecteurs. Au mobilier, le maître-autel et son retable lambrisé, réalisés vers 1760, s’inscrivent dans les pans coupés du chevet et précèdent des stalles et une grille de communion en fonte ; le retable sud, de style rocaille, est orné d’angelots, et la chapelle nord conserve un autel du XVe siècle avec ses crédences.
Parmi les autres objets se signalent deux statues (XVIe–XVIIe ou XVIIe–XVIIIe selon les descriptions) figurant une Vierge à l’Enfant dite Notre‑Dame‑de‑Vérité et saint Pierre, une Vierge des années 1840, une croix d’autel naïve, une statue de saint Lunaire au tabernacle, un bénitier hexagonal dont le fût pourrait être un réemploi de colonne gallo‑romaine et des fonts baptismaux circulaires en granite.
Désaffectée lors de la bénédiction de la nouvelle église le 14 septembre 1884, la vieille église fut classée monument historique le 18 mars 1913 après le classement en 1892 de quatre gisants et du tombeau de saint Lunaire ; la croix du cimetière fut inscrite en 1930 et deux gisants supplémentaires furent classés en 1971. Menacée durant l’occupation et utilisée comme dépôt de fourrage, elle a été restaurée en 1954 par Raymond Cornon et reconsacrée le 18 juillet 1954. Des échaliers et une croix des XIVe–XVIe siècles subsistent dans l’enclos, rappelant l’ancien usage du lieu comme cimetière.
