Origine et histoire du Vieux Pont
Le vieux pont de Limay enjambe le bras de Limay de la Seine et relie la ville de Limay à l'île aux Dames ; il figure parmi les plus anciens ponts de France. Le premier document le mentionnant remonte à une charte de 1050. Presque entièrement détruit en 1162, il a été reconstruit en 1172 ; l'arche ogivale du XIIe siècle en est la dernière trace architecturale de cette époque. Le pont, qui comptait autrefois onze arches, a été partiellement détruit en 1940 lorsque le génie militaire français fit sauter deux arches centrales pour ralentir l'avancée allemande ; ces arches n'ont pas été reconstruites. Il constitue le dernier vestige d'un ancien ouvrage de 37 arches qui reliait Mantes-la-Jolie à Limay en trois parties et dont l'origine remonte au moins au milieu du XIe siècle. Classé au titre des monuments historiques depuis le 15 juin 1923, il a inspiré le peintre Camille Corot, qui a représenté notamment Le Pont de Mantes (1868), conservé au musée du Louvre. Autrefois, le vieux pont de Limay était prolongé par le vieux pont de Mantes, qui comptait 13 arches entre la rive gauche et l'ancienne île Champion (aujourd'hui intégrée à l'île aux Dames) ; les deux ponts étaient décalés et reliés par un troisième pont de 13 arches franchissant une zone marécageuse de l'île. Comme beaucoup d'anciens ponts de la Seine entre Poissy et Vernon, l'ouvrage portait des moulins et servait de lieu de pêche avec des pêcheries, témoignages aujourd'hui absents hors quelques peintures d'époque. Le vieux pont de Mantes fut démoli en 1765 après la mise en service du pont Perronnet en aval, et la circulation côté Limay continua d'emprunter l vieux pont jusqu'en 1855, date d'ouverture du pont neuf de Limay ; le pont n'ayant plus été entretenu fut interdit à toute circulation par arrêté préfectoral en 1897. Un litige de propriété entre Limay et Mantes-la-Jolie fut tranché le 19 mars 1923 par le ministère des Travaux publics, qui attribua le pont à Mantes ; en 1967 un comité de sauvegarde se constitua pour œuvrer à sa remise en état et des travaux de restauration limités ont été réalisés depuis. L'ancien moulin du pont a sombré lors d'une crue en 1870, détruit après le heurt d'une péniche contre ses pilotis, selon Pierre de Simon, responsable des fouilles archéologiques en 2017. Des plongeurs du comité yvelinois de la Fédération française d'études et de sports sous-marins et de la section plongée de l'Association sportive mantaise ont tenté de préciser la date de construction en dégager trois des plus de vingt pilotis en chêne encore accessibles sous l'eau. La circulation automobile reste exclue car le pont n'est pas entretenu. En 2012 un concours d'architecture a proposé la construction d'une passerelle confiée à Dietmar Feichtinger Architectes (auteur de la passerelle Simone-de-Beauvoir, construite par le groupe Eiffel) ; une dotation de 9,5 millions d'euros prévoyait la réouverture à des véhicules très légers (vélos, gyropodes), mais le projet fut arrêté en 2015 après l'échec de l'appel d'offres. Le projet a ensuite été réactivé : la première partie, reliant Mantes-la-Jolie à l'île aux Dames et accolée au Pont Neuf de Mantes, a été inaugurée le 20 septembre 2019, tandis que la restauration du vieux pont lui-même a été plusieurs fois repoussée ; les travaux prévus pour 2024 ont commencé au milieu de l'année pour un achèvement attendu en 2026. La scène avant-dernière du film Jules et Jim, de François Truffaut, a été tournée sur ce pont, qui est aussi représenté dans des photographies et peintures montrant notamment la maison du passeur et la crue de janvier 1910.
