Origine et histoire du Pont Lesdiguières
Le pont Lesdiguières, aussi appelé pont de Claix, est un pont en maçonnerie qui franchit le Drac ; entièrement situé avant 1873 dans la commune de Claix, il relie depuis le 2 juillet 1873 Claix à Pont-de-Claix. Sa dénomination rappelle François de Bonne de Lesdiguières, lieutenant général du Dauphiné, mort en 1626. Cité parmi les sept merveilles du Dauphiné, l’ouvrage se distingue par une unique arche d’environ 45,65 mètres d’ouverture et d’une hauteur d’environ 15,70 à 16 mètres au-dessus du Drac. Le pont a été classé monument historique par arrêté du 27 mai 1898.
La traversée du Drac aux abords de Grenoble a longtemps posé des difficultés ; de nombreux bacs et plusieurs ponts médiévaux ont été détruits, notamment en 1219 lors de l’effondrement d’une digue formant un lac sur la Romanche. En 1377, des travaux menés par l’entrepreneur Pellorce cherchèrent à canaliser les crues du torrent entre le Petit Rochefort et le Mollard, secteur où se situe en 2019 le château d’eau de Pont-de-Claix. Le duc de Lesdiguières ordonna la construction du pont qui porte son nom ; l’ouvrage fut réalisé entre 1608 et 1610 par Louis Brisset et livré à la circulation en 1611. Dès l’époque de sa construction, on le compara aux grands ponts européens, un commentateur estimant que le pont du Rialto « ne veut rien dire au prix de celui-ci ».
La tradition rapporte plusieurs épisodes liés à Mandrin : en 1754 il aurait attaqué des employés des gabelles sur le pont, tué un gardien et neutralisé d’autres gardes pour laisser passer sa bande, tandis qu’une autre version le fait se jeter du haut du pont avec son cheval pour échapper à ses poursuivants ; l’ancien corps de garde conserve le nom de salle Mandrin. En 1873, en raison des difficultés d’accès, un nouveau pont surbaissé fut construit en aval, à une très courte distance de l’ancien, et la circulation principale fut progressivement détournée sur l’ouvrage moderne.
Le site a fait l’objet d’importants travaux de restauration et a été mis en valeur par un éclairage nocturne installé, selon la ville de Claix, le 12 juillet 2010 ; depuis cette date les deux ponts surplombant le Drac s’illumiment à la tombée de la nuit grâce notamment à seize projecteurs, une opération conduite par les communes de Claix et Pont-de-Claix avec le soutien financier du conseil départemental de l’Isère et l’accord de la direction régionale des affaires culturelles. L’ancien axe, qui constituait autrefois la route nationale 75, a été déclassé en route départementale 1075 à la suite de la réforme de 2005 ; la construction de l’A51 a par ailleurs entraîné une forte diminution du trafic et le report de la piste cyclable sur le pont moderne.
Le vieux pont, non ouvert à la circulation automobile, présente une chaussée en dos d’âne et une unique arche ; sa portée d’une rive à l’autre est de 45,65 mètres et la hauteur maximale de l’arc est de 15,70 mètres au-dessus des rives. À l’origine, il portait deux inscriptions latines aujourd’hui disparues : « Unus Distancia Jungo » (Unique par ma longueur, je réunis) et « Romana Moles Pudore Suffondo » (Je fais rougir de honte les constructions romaines).
Le pont a inspiré de nombreux artistes : il a été représenté par Jean Achard, Charles Bertier et surtout Jongkind, dont une œuvre de 1883 est visible au musée d’Orsay ; on trouve également des représentations de Jules Guédy (La vallée du Grésivaudan vue du Pont de Claix, 1874, musée de l’Ancien Évêché) et des croquis du graveur et dessinateur grenoblois Victor Cassien datés de 1836. L’écrivain Auguste Vitu évoque le pont dans Ombres et vieux murs (1860), soulignant la monumentalité et la simplicité de l’arche qui, selon lui, donnent à l’ouvrage une grande stature.
Parmi les sources consacrées au pont et à la commune figurent des publications de Jean-Claude Michel, des ouvrages de l’association Claix Patrimoine et Histoire, un travail du général L.-D. Bezegher et la biographie de Louis Videl sur le connétable de Lesdiguières.