Origine et histoire
Le Vieux pont, appelé initialement Pont du Tarn, franchit le Tarn à Albi (Tarn) et mesure 150 mètres. Il est inclus dans le périmètre de la cité épiscopale d'Albi, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010. Construit sur un alleu du chapitre de Saint-Salvi vers 1035 (parfois daté entre 1035 et 1042), ses parties les plus anciennes visibles aujourd'hui remontent toutefois au XIIIe siècle. À l'origine, il n'était praticable que par piétons et cavaliers et demeurait trop étroit pour les charrettes ; les marchandises étaient alors transportées à dos d'animaux ou par portage. Le pont fut reconstruit au XIIIe siècle, probablement entre 1230 et 1240, et un péage y fut installé, des droits étant toutefois prélevés dès 1193. Le cartulaire d'Albi de 1245 précise que seules les marchandises étaient taxées, tout en mentionnant que les juifs, vivants ou morts, faisaient l'objet d'un prélèvement. Le recouvrement des droits passa des vicomtes aux seigneurs évêques d'Albi, puis fut accordé aux consuls d'Albi en 1269. Les recettes du pont contribuèrent au développement urbain et commercial et servirent à l'entretien tant du pont que des remparts. Au Moyen Âge, l'ouvrage comportait une tour-porte fortifiée, une chapelle et un pont-levis ; un système défensif comprenant portes machicoulées et crénelées, un ravelin de quatre tours rondes reliées par un mur crénelé et un pont-levis fut supprimé en 1609. En 1655, l'ouvrage primitif en pierre fut élargi en briques. Au XVe siècle, des maisons à pans de bois furent élevées sur les piliers pour renforcer la structure, conférant au pont un aspect comparable au Ponte Vecchio de Florence ; ces maisons furent démolies après la grande crue du 18 novembre 1766. Le pont se compose de huit arches, dont sept ogivales et une en plein cintre située à la tête du pont. Vers l'amont, les piles sont en maçonnerie de pierre avec éperon et sont surmontées de contreforts en brique d'époque postérieure. Ces contreforts reçoivent la retombée d'arcs surbaissés en brique, ajoutés sans liaison aux arceaux du vieux pont pour soutenir l'élargissement de la chaussée. En 1820 la chaussée fut redressée et élargie pour permettre le croisement des charrettes timonières à quatre roues ; l'arrière-bec des deux piles voisines de la rive gauche fut prolongé vers l'aval tandis qu'un arc en brique vint s'appuyer sur les arrière-becs existants pour les autres piles. À l'amont, les avant-becs furent retaillés et leur partie supérieure reconstruite afin de supporter des arcs en encorbellement, et le pont de pierre fut également revêtu de briques. L'édifice est classé au titre des monuments historiques le 16 mars 1921. En 2023, un important chantier de restauration a été lancé sur le Pont Vieux d'Albi, doyen des ponts routiers de France encore en service. Ce chantier, mené sur 26 mois de mars 2023 à mai 2025, visait à renforcer et étanchéifier la structure tout en rénovant la chaussée et les trottoirs ; des techniques artisanales de pointe ont été employées pour nettoyer, rejointoyer et consolider les pierres, avec le souci de préserver son caractère historique. La réouverture officielle du pont a eu lieu le 19 juin 2025, marquant la fin de cette phase de protection.