Origine et histoire de la Villa Arnaga
La villa Arnaga, aujourd'hui musée Rostand, a été commandée par l'écrivain Edmond Rostand et bâtie sur une colline dominant la vallée de l'Arraga, nom que l'auteur transforma en « Arnaga » et qui signifie « lieu de pierre » en basque. En 1902, Rostand acquiert plusieurs hectares et confie la réalisation de la villa à l'architecte Joseph-Albert Tournaire, assisté sur place par Pierre Ferret. La construction s'étend de 1903 à 1906. Conçue dans le style néo-basque, avec étages en encorbellement, pans de bois et toit asymétrique, la villa illustre un des premiers exemples de ce courant architectural. Rostand fait appel à de nombreux artistes pour le décor, parmi lesquels les peintres Gaston La Touche, Hélène Dufau, Georges Delaw et Jean Veber, le sculpteur Raoul Verlet et le ferronnier Vian. Il dessine lui-même la décoration intérieure des quelque quarante pièces réparties sur près de 600 m2 ; les ambiances varient — anglais pour le hall, chinois pour le fumoir, Empire et Louis XVI — et Gaston La Touche réalise d'importantes toiles murales. La maison bénéficiait dès l'origine d'équipements modernes : électricité, calorifère à air chaud et téléphone. Rostand y vit avec sa famille de 1906 jusqu'à sa mort en 1918 et y compose notamment Chantecler. Les réceptions qu'il donne attirent des personnalités comme le compositeur Jules Massenet ; ces fêtes, fastueuses, contribuent à appauvrir ses finances, les droits d'auteur de Chantecler y étant en grande partie consommés. Après sa mort, le mobilier et la bibliothèque sont dispersés, y compris des panneaux précieux en laque de Coromandel. La municipalité acquiert le domaine au début des années 1960 pour y installer le musée Edmond-Rostand, créé en 1958. Le musée, labellisé Musée de France, expose notamment dans la bibliothèque le César offert par Gérard Depardieu pour son interprétation dans Cyrano de Bergerac. Le domaine comprend la villa, la conciergerie et l'ancien moulin ainsi que les jardins, bosquets et l'orangerie ; ces éléments sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 février 1995. Située à l'écart de Cambo-les-Bains, en direction de Larressore sur la route départementale D 932, la villa domine un vaste parc et un jardin à la française. Rostand conçoit lui-même le parc, qui s'étend sur quinze hectares et combine jardins à la française et à l'anglaise, pavillons, bassins et une orangerie de style classique. Un long canal mène à un grand portique encadré de deux pavillons ouverts symétriques, inspiré du monument qui ferme la perspective du parc du palais de Schönbrunn. Les aménagements ont fait l'objet d'une rénovation en 2014, qui a notamment permis la restitution du treillage du « Coin des poètes ». Le parc appartient au Conservatoire des Jardins et Paysages et porte le label de jardin remarquable. Pour accélérer la création d'ombrages, Rostand fit venir de la forêt de Saint-Pée des chênes têtards centenaires qu'il planta dans le parc. L'intérieur conserve des pièces remarquables — hall d'entrée, salle à manger, bureau, cuisine — ainsi que des chambres, dont une présentant le portrait d'Edmond Rostand. Une plaque portant un quatrain de l'auteur est apposée au-dessus de la porte d'entrée.