Origine et histoire de La Villa Gallo-Romaine
La villa gallo-romaine de Lassalles, sur la commune de Montmaurin (Haute-Garonne), figure parmi les plus vastes de la Gaule aquitaine. Implantée au lieu-dit Lassalles, dans le piémont pyrénéen près de la Save, elle illustre la prospérité du Sud-Ouest de la Gaule entre les IVe et VIe siècles. L'exploitation agricole a été créée durant la Pax Romana, au Ier siècle, et ses terres dépassaient un millier d'hectares. À partir du IVe siècle, la demeure du maître fut transformée en un palais de 5 800 mètres carrés et la villa resta habitée jusqu'à la fin du Ve ou au début du VIe siècle.
Les vestiges occupent une petite plaine au bord de la Save, près de la route D9d entre Montmaurin et Sarremezan, à environ un kilomètre au sud de l'entrée des gorges. On ne doit pas confondre ce site avec la villa de La Hillère, plus modeste et située un kilomètre au nord. Le site était connu depuis la fin du XIXe siècle ; identifié comme romain en 1865 par Anthyme Saint-Paul, il a été protégé par des acquisitions et des sondages menés entre 1879 et 1882 par Isidore Miro et l'abbé Jean-Marie Couret. Un plan général publié par l'abbé Couret en 1903 a été complété par des fouilles systématiques engagées par Georges Fouet de la fin 1947 à 1960.
Vers le milieu du Ier siècle, la villa se développa en une exploitation gigantesque rassemblant plusieurs dizaines de constructions pour les ouvriers et les bâtiments agricoles autour de la maison du maître, l'ensemble étant ceint par un mur d'enceinte sur près de 18 hectares. La villa connut ensuite une phase de semi-abandon, peut-être liée à une crue de la Save, avant d'être transformée à la fin du IVe ou au début du Ve siècle en une résidence très luxueuse, organisée autour de péristyles dans le goût gréco-romain. Elle fut abandonnée après le Ve siècle. Certains auteurs ont émis l'hypothèse d'un lien entre le site et une famille proche de la cour impériale de Rome, évoquant une possible résidence d'Eutropia II avant l'élévation de son fils Népotien au pouvoir ; cette relation reste toutefois proposée comme une piste de recherche.
L'état actuel des vestiges correspond à ces aménagements tardifs ; la villa est orientée sud-ouest/nord-est et sa façade principale mesure 117 mètres dans sa plus grande longueur. L'accès se faisait par une cour d'honneur en demi-cercle bordée de colonnades et comprenant un temple hexagonal de type gaulois ; un vestibule d'apparat donnait sur le corps de logis central. Les logements s'organisent autour de cours et de jardins intérieurs, avec des vues aménagées sur le panorama pyrénéen ; un grand péristyle de 60 mètres de diamètre est entouré de chambres, suivi au nord-est d'un second péristyle plus petit. À l'ouest, une aile thermale comporte un nymphée et une piscine de plein air ; les dépendances comprenaient des forges, une tuilerie-briqueterie et un atelier de tissage.
Au sud de la façade, à environ 60 mètres de la Save, subsistent les ruines d'un bâtiment multiple dont l'une des salles forme un massif élevé ; à proximité, un puits rempli d'objets et de débris a été interprété alternativement comme citerne ou dépôt funéraire. Parmi les éléments mis au jour figurent un atrium, un temple, une mosaïque d'antichambre et un hypocauste, témoins du luxe de la résidence. Classée monument historique le 5 décembre 1949 sous le nom de villa gallo-romaine de Montmaurin, elle est gérée depuis 2010 par le Centre des monuments nationaux ; le site est ouvert au public et de nombreux objets retrouvés aux fouilles sont exposés au musée de Montmaurin.
