Villa gallo-romaine de Saint-Romain-de-Jalionas dans l'Isère

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Villa Gallo-Romaine Villa

Villa gallo-romaine de Saint-Romain-de-Jalionas

  • 18 Rue de l'Église
  • 38460 Saint-Romain-de-Jalionas
Crédit photo : luigifab - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété d'une société privée ; propriété privée

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Villa gallo-romaine (vestiges) (cad. AH 28 à 31, 33, 34 ; AI 1 à 5, 7) : inscription par arrêté du 18 juin 1984

Origine et histoire de la Villa gallo-romaine

Le site archéologique du Vernay, parfois orthographié Vernai, se situe au lieu-dit Le Vernay sur la commune de Saint-Romain-de-Jalionas, en Isère. Implanté dans une zone agricole humide à l'écart des habitations, il est bordé par le ruisseau du Girondan qui se jette dans le Rhône à deux kilomètres au nord. Le site englobe l'église paroissiale et le cimetière communal, étroitement liés à son histoire, et se trouve à l'ouest du plateau de l'Isle-Crémieu, une région riche en vestiges gallo-romains. Le toponyme Vernay, d'origine gauloise, désigne une aulnaie.

La villa gallo-romaine du Vernay constitue le principal monument de Saint-Romain-de-Jalionas et est inscrite au titre des monuments historiques. La villa du Bas-Empire est de très grande envergure : les bâtiments d'habitation couvrent à eux seuls plus de deux hectares. On y a mis au jour un réseau d'égouts complexe, un moulin hydraulique rare pour la période, une piscine de vingt mètres sur six et un ensemble thermal chauffé par hypocauste. L'ensemble de la villa et de ses dépendances est ceint par un mur d'enceinte fermant un espace d'environ vingt hectares, traversé par une voie d'accès en galets et un petit ruisseau raccordé au système d'égout. Des aires de rouissage du chanvre ont également été identifiées sur le domaine.

Les premières découvertes modernes datent du XIXe siècle lorsque le curé signala des éléments de statues et des mosaïques dans le cimetière, observation qui attira l'attention d'Hippolyte Müller. En 1967, des travaux d'adduction d'eau mirent au jour un fragment de mur et une amphore contenant le squelette d'un enfant, puis des fouilles amateurs furent entreprises par Roger Pinet. Les recherches furent reprises dans les années 1970 par Aloys Dufourg avant d'être remblayées en 1979 par manque de moyens, puis des fouilles de sauvetage eurent lieu en 1985 sous la direction de Robert Royet, qui fouilla 1 500 m2 au sud de l'église. Des campagnes programmées régulières débutèrent en 1995, Robert Royet sondant l'ensemble du site avec des financements du conseil général de l'Isère. Aujourd'hui les fouilles se déroulent chaque année, généralement en août, menées par des bénévoles de l'Association pour l'Histoire et l'Archéologie à Saint-Romain-de-Jalionas (AHASRJ) sous la direction scientifique de Robert Royet, et les membres assurent toute l'année des prospections et le traitement du mobilier archéologique. En avril 2025, des fouilles sauvages ont été signalées, caractérisées par des trous de pelle probablement ciblés à l'aide d'un détecteur de métaux.

Les investigations ont révélé des foyers de l'âge du bronze et des éléments de la vie quotidienne gauloise, attestant l'existence d'une grande ferme qui aurait été la propriété d'aristocrates gaulois. À l'emplacement de l'actuelle église, l'occupation gauloise fut suivie d'une longue période romaine, au cours de laquelle la villa se développa en plusieurs phases successives pour former un domaine important doté d'un vaste complexe thermal. Transformée selon les canons romains vers 40 av. J.-C., elle présentait bâtiments maçonnés, toits en tuiles et sols en mortier, et la vaisselle retrouvée est principalement gauloise, ce qui suggère des maîtres romanisés plutôt que des colons venus d'ailleurs. Des aménagements de fossés furent réalisés pour assécher les marais et irriguer des cultures de blé et d'orge, puis à partir de 15 apr. J.-C. la villa évolua en un palais dont le seul bâtiment d'habitation couvre 2,5 hectares et qui disposait de chauffage central, d'une piscine et d'un complexe thermal. Ce niveau d'équipement, jugé disproportionné par Robert Royet par rapport aux revenus du domaine, laisse penser qu'il appartenait à un riche marchand ou à un notable établi à Vienne ou Lyon, dont l'identité reste inconnue. Le domaine prospéra malgré les invasions et le déclin de l'Empire romain, fut réorganisé pour intégrer vigne, arboriculture et noyers, et se vit doté au IVe siècle d'une chapelle qui est à l'origine de l'église actuelle.

Durant le haut Moyen Âge, la villa fit place à une exploitation plus réduite, l'église devint paroissiale et le lieu se peuple d'habitants inhumés à proximité ; les Mérovingiens et les Carolingiens réutilisèrent les structures, le clocher de l'église constituant le principal vestige carolingien. À la fin du XIIe siècle, un château delphinal fut adossé à l'église, fortifié et entouré de douves, puis démantelé en 1430 et abandonné au XVIe siècle, laissant l'église comme unique édifice préservé.

Depuis 2018, l'association gère un jardin antique expérimental pour tester la culture de variétés et de techniques anciennes, et depuis le printemps 2025 ce jardin accueille également un rucher composé d'une ruche-tronc, d'une ruche tressée en paille de type antique et d'une ruche Dadant pédagogique. Les travaux du jardin s'appuient sur des sources latines telles que Caton, Columelle et Pline l'Ancien. Le site se visite en autonomie toute l'année grâce à un parcours équipé de panneaux pédagogiques, et l'AHASRJ organise au moins deux visites guidées accompagnées d'ateliers pratiques lors des Journées de l'archéologie, des Journées du patrimoine et depuis 2021 aux Rendez-vous aux jardins. Une publication récente sur la villa est signée Robert et Elvyre Royet, De marbre et de terre : pouvoir et travail dans la villa du Vernai (2018).

Liens externes