Origine et histoire de la Villa gallo-romaine
La villa gallo-romaine de Nymfius, située à Arnesp sur la commune de Valentine (Haute-Garonne), remonte à l'époque constantinienne (IVe siècle). Le nom de son propriétaire est connu grâce à une épitaphe conservée au Musée Saint-Raymond de Toulouse. Elle a été bâtie sur une terrasse dominant le lit mineur de la Garonne, à l'abri des inondations, et était desservie par une voie qui la reliait à la route romaine principale longeant les collines pyrénéennes par Valentine et Labarthe-Rivière ; des vestiges de cette voie, ainsi qu'un milliaire d'époque constantinienne, ont été retrouvés sous le chemin vicinal actuel. Les matériaux de construction proviennent majoritairement de la région : gros galets roulés de la Garonne, moellons de calcaire et blocs de marbre, ces derniers — pilastres, lambris et dallages — étant principalement des marbres de Saint-Béat. Édifiée sur un seul niveau, la villa couvrait une vaste surface, 160 mètres du sud au nord pour 90 mètres d'est en ouest, et s'ouvrait par une façade monumentale pourvue d'un portique et de deux postes de garde. Cette façade donnait sur une cour d'honneur longue de 52 mètres et large de 21,50 mètres, bordée de portiques à piliers de bois et fermée au nord par une galerie ornée d'une abside semi-circulaire à chacune de ses extrémités, galerie qui structurait les espaces de prestige de la demeure. Aligné sur l'axe du monument, un grand nymphée semi-circulaire revêtu de marbre était bordé d'un promenoir à colonnes ; ses dimensions sont une largeur de 14,20 mètres, un rayon de 9,50 mètres et une profondeur d'environ 1,20 mètre, et il pouvait également servir de réserve d'eau pour lutter contre les incendies. À l'arrière se développaient les pièces de réception : une grande salle carrée de 9,60 mètres de côté, à quatre absides d'angle et probablement couverte d'une coupole, flanquée de deux salles rectangulaires, formait le salon de réception. Le logis principal s'organisait autour d'une cour centrale carrée de 23,50 mètres de côté, entourée d'un péristyle qui desservait l'ensemble ; à l'ouest se trouvaient les pièces de service, les logements des domestiques, une citerne et un vivier à huîtres, tandis qu'à l'est se situaient les appartements du propriétaire et de sa famille. L'alimentation en eau était assurée par la récupération des eaux de pluie et le captage de sources thermales situées sur le territoire de l'actuel village de Labarthe-Rivière, un petit aqueduc conduisant l'eau depuis le sud à travers la plaine et traversant la cour d'honneur jusqu'au bassin du nymphée. Plusieurs salles étaient chauffées par hypocauste : trois petites pièces présentaient des hypocaustes avec deux rangées de pilettes de briques, et une grande salle de 9,65 mètres sur 13,95 mètres était équipée d'un vaste hypocauste à conduits rayonnants alimenté par au moins deux foyers, avec des conduits de tirage dans les murs de fond permettant l'évacuation de l'air refroidi vers l'extérieur ; ce grand hypocauste est considéré comme l'un des plus remarquables exemples de ce système dans le sud de la Gaule romaine. La construction, en 1924, d'un canal d'amenée des eaux vers la petite centrale hydraulique de Valentine a causé des dommages irréversibles au site. La villa et le prieuré médiéval d'Arnesp qui lui est attenant ont été fouillés par l'archéologue commingeois Georges Fouet, également découvreur de la villa de Montmaurin, et l'inscription de Nymfius figure au Musée Saint-Raymond.