Villa gallo-romaine du Champ du Palais à Bugeat en Corrèze

Villa gallo-romaine du Champ du Palais

  • 19170 Bugeat
Propriété de la commune

Période

Antiquité

Patrimoine classé

Villa antique du Champ du Palais : les vestiges de la villa ainsi que le sol de la parcelle correspondante contenant des vestiges archéologiques, tel que représenté en rouge sur le plan annexé à l'arrêté (cad. B 1136) : inscription par arrêté du 22 décembre 2015.

Origine et histoire

La villa gallo-romaine du Champ du Palais se situe sur la commune de Bugeat (Corrèze), à l’extrémité nord-ouest d’un plateau, à environ 500 mètres du bourg, près du Pont des Rochers sur la RD 18 en direction de Bonnefond. Le site, connu depuis le XIXe siècle et souvent exploité comme carrière de pierre, a livré au fil du temps des éléments lapidaires et du mobilier permettant d’identifier la pars urbana d’une grande villa. À la fin des années 1950, des trouvailles faites lors de labours — fût de colonne, chapiteau, caniveaux — ont attiré l’attention de l’érudit local Marius Vazeilles, puis un sondage réalisé en 1962 par G. Lintz a révélé un dallage granitique spectaculaire formant une galerie de circulation le long de laquelle s’alignent des bâtiments. Des fouilles menées en 2006 et 2007 par Hélène Mavéraud ont ouvert trois grands sondages et mis en évidence une vaste cour entourée de bâtiments et la galerie déjà signalée sur son flanc occidental. Plusieurs salles présentent un hypocauste particulièrement bien préservé, la suspensura étant conservée dans au moins deux cas, et plusieurs sols consistent en grandes dalles de granite ajustées à joints vifs. Le mobilier métallique et les tessons céramiques témoignent d’une occupation s’étendant de la fin du Ier siècle au IIIe siècle après J.-C., avec plusieurs phases de réaménagement.
Les sondages des années 2000 ont confirmé la présence d’une galerie dallée bordée d’une colonnade posée sur des blocs de granite et d’un caniveau en granite; ils ont également mis au jour une salle chauffée par un hypocauste dont les pilettes et la suspensura sont en granite, et, dans un autre secteur, trois salles dont l’une possède un hypocauste construit en matériaux céramiques et une autre un dallage polygonal en granite rose. Le mobilier et les éléments de décoration découverts — tuiles plates et imbrices, plaque de parement en céramique, chapiteau, plaques de grès rouge, fragments d’enduits peints, clous, tessons, fragments de verre — indiquent un décor intérieur soigné.
Les fouilles de l’été 2020 ont porté sur 250 m² de l’aile occidentale, alors que cette aile devait initialement se développer sur au moins 5 000 m² autour d’une cour. Elles ont permis d’étudier en détail l’hypocauste : des pilettes régulièrement réparties reposant sur des dalles de granite devaient soutenir des dalles carrées de 60 cm, elles-mêmes couvertes d’une chape de béton de 15 cm ; la chaleur provenait d’un praefurnium situé dans la cour de service et la fumée était évacuée par des conduits ménagés dans au moins deux murs. Les sondages ont aussi dégagé intégralement le dallage de la galerie et suivi le mur qui la séparait des pièces voisines ; une marche au sud de la galerie donnait accès à une petite salle rectangulaire de 15 m² au sol en béton de tuileau, munie d’un seuil en granite, puis à une seconde salle au sol en béton. La fouille a mis au jour du mobilier céramique et métallique, et a montré une récupération importante de matériaux à la fin de l’Antiquité.
Des traces d’une occupation antérieure à la romanisation ont été identifiées en bordure sud du plateau : un foyer et quelques trous de poteau, datés par radiocarbone entre 359 et 172 avant notre ère. Le site s’inscrit dans le mouvement de romanisation et de mise en valeur des campagnes en Haute-Corrèze, où de nombreuses villæ témoignent d’une occupation rurale dense entre le Ier et la fin du IIIe siècle. À proximité, la villa des Cars présente des éléments comparables, notamment un bâtiment bordant une cour dallée et des installations chauffées par hypocauste. Un bac à chaux destiné au stockage de la chaux pour la fabrication du mortier a été mis au jour sur le site, et l’emploi de pilettes en granite pour l’hypocauste constitue une particularité remarquable. L’ensemble du site a été inscrit aux monuments historiques le 22 décembre 2015 sous le nom de « villa gallo-romaine du Champ du Palais ».

Liens externes