Origine et histoire
La Villa Magalone est un domaine situé dans le quartier de Mazargues, au 245 boulevard Michelet, dans le 9e arrondissement de Marseille ; la bastide se trouve au cœur d’un parc de 1,4 hectare. La villa fut construite à la fin du XVIIe siècle par les frères Magalon, enrichis par le commerce d'armement et le cabotage ; ses plans sont traditionnellement attribués à Pierre Puget. En 1721, les frères vendirent la demeure, encore inachevée, en raison de l’épidémie de peste qui frappait la ville. Le domaine passa ensuite entre plusieurs mains, notamment celles des Sabran puis des Paul, et devint bien national après la Révolution. La famille de Madame de Ferry l’acquit au milieu du XIXe siècle et s’attacha à sa restauration au début du XXe siècle ; en 1890 la propriété s'étendait encore sur douze hectares. La bastide est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1948. Le parc a été fortement rogné par l’urbanisation, notamment le percement du boulevard Michelet et la construction de la Cité radieuse de Le Corbusier. La ville de Marseille est propriétaire du domaine depuis 1987 ; il abrite aujourd’hui l’un des huit lieux de l’école municipale de musique et le jardin est ouvert au public. Au XVIIIe siècle, on dénombrait près de 5 800 bastides et maisons de campagne autour de Marseille ; la Magalone reste l’un des rares témoignages de cette tradition de villégiature. À l’automne 2023, l’abattage de 22 arbres et arbustes pour raison sanitaire a suscité l’indignation dans le quartier. La restauration du domaine est prévue en 2025, avec pour objectif de retrouver le label "Jardin remarquable" que le ministère de la Culture a retiré en 2020 en raison de l’état très dégradé de la statuaire.
Le jardin, aménagé par le paysagiste et botaniste Édouard André dans un style classique, présente une composition géométrique conçue pour valoriser la maison et la statuaire. Le pourtour planté de bosquets isole le domaine du bruit urbain et, à l’entrée, un bosquet masque la vue pour amplifier l’effet de découverte. Deux terrasses assurent une transition progressive entre le bâti et la nature : la première, ornée d’une balustrade en pierre, donne accès par un escalier à une plateforme d’où l’on aperçoit la chapelle située au sud ; la seconde est ponctuée, à chacune de ses extrémités, par deux fontaines symbolisant le Rhône et la Saône, surmontées de vieillards adossés à des dauphins qui crachaient de l’eau. Chacune de ces fontaines domine un bassin alimenté par la source sur laquelle la bastide a été édifiée, évoquant les modèles des jardins italiens. Face au bâtiment, un parterre de gazon encadré de buis est décoré à l’est d’une broderie de buis en forme de fleur de lys et à l’ouest d’un bassin circulaire ; ses longueurs sont bordées par deux allées flanquées de tulipiers, tandis que des prés au nord et au sud l’encadrent. Côté sud, quatre statues attribuées à Veyrier, représentant les saisons, marquent les angles ; côté nord, un bassin hexagonal occupe le pré. Le parc comprend également un petit bois, une roseraie et des boulingrins ; de nombreux vases en pierre de taille, provenant du château de Grignan, enrichissent les espaces.