Origine et histoire de la Villa mauresque
La villa dite "villa mauresque" est une demeure de style mauresque édifiée en 1866-1867 pour Jules de Polignac. Inscrite au titre des monuments historiques en 2010, elle se situe à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), rue des Pêcheurs, sur la rive droite de l'estuaire de la Bidassoa (baie de Chingoudy/Txingudi). La villa se compose de trois ailes à étage disposées autour d'un patio central bordé de galeries à arcades et ouvert sur le fleuve par cinq arcs, vestiges d'une aile ajoutée par la famille Camino; ses baies de style mauresque sont encadrées de pierres jaunes de Fontarabie. À l'intérieur, les pièces mêlent influences arabe et espagnole et un jardin-terrasse, au sud, domine la rivière. À proximité se trouvait la redoute d'Hendaye, construite sous la direction de Vauban et détruite avec la ville d'Andaye par les armées espagnoles en 1793 lors des hostilités de l'époque; Hendaye ne se releva qu'à la fin du XIXe siècle avec l'arrivée du chemin de fer, du tourisme et la reprise des activités de pêche. En 1865, Jules de Polignac obtint de la ville la vente d'une parcelle du glacis et le droit d'y établir un petit fortin mauresque en réutilisant des pierres des ruines du fort. Fortement endetté, sa maison fut reprise par sa famille puis vendue en 1890 au docteur Camino, qui la réhabilita, ajouta deux étages et, vers 1900-1905, transforma la cour en patio intérieur couvert par une verrière. La fille du docteur, mariée à l'armateur Louis Légasse, aménagea dans les années 1950 la maison en villa d'été et rétablit le patio à ciel ouvert; la propriété est restée dans la famille Légasse-Camino. La villa comporte plusieurs éléments remarquables : une niche extérieure abrite la statue de Notre-Dame de la Guadalupe (Ama Guadalupekoa), œuvre du sculpteur Serafin Esuain, régulièrement fleurie par les habitants de Hondarribia et symbole d'amitié entre les deux rives. Au-dessus de la porte principale, une sirène figure comme blason de la famille Légasse, originaire de Legasa en Navarre, motif que l'on retrouve sur leurs bateaux, leurs maisons et leurs tombes, et qui apparaît aussi dans les armes de Fontarrabie. Sur la terrasse, en regard de Fontarrabie, un canon de marine récupéré en mer rappelle la bataille des Cardinaux (1759) ; ce canon est tiré chaque 8 septembre en réponse aux salves de Fontarrabie et utilisé lors de la Tamborrada, des fêtes de la Saint-Vincent et de la Fête basque. Le patio structure la villa : ses colonnes portent l'étage et les ouvertures sont en pierre jaune de Fontarabie, identique à celle du fort et de l'église de Fontarrabie. Une petite pièce constitue le musée consacré à la famille Légasse, avec photographies et documents sur leur activité d'armateurs et leur implication politique et religieuse, et une autre salle, dite "bureau Napoléon", rassemble des œuvres et souvenirs liés aux batailles locales, dont l'Aigle blessé de Jean-Léon Gérôme et le tableau Cambronne à Waterloo de Charles Édouard Armand-Dumaresq. Le jardin de la villa est une palmeraie naturelle installée sur les vestiges des fortifications d'Hendaye.