Villa Monteux à Saint-Martin-Terressus en Haute-Vienne

Villa Monteux

  • 87400 Saint-Martin-Terressus
Crédit photo : Phil Limousin - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

Maison d'habitation, en totalité ; façades et toitures du pavillon d'entrée ; parc (cad. C 542, 544, 539 à 541, 546) : inscription par arrêté du 30 janvier 1998

Origine et histoire

La villa Monteux, dite « à la Texonière », se situe à Saint-Martin-Terressus, en retrait de la vallée du Taurion, et domine un large panorama jusqu'aux monts d'Ambazac. Elle a été élevée pour l'industriel Maurice Monteux (1882-1963) entre l'achat du terrain en 1931 et 1934, d'après les plans de l'architecte limougeaud Pierre Chabrol (1881-1967). L'édifice, vaste et construit en béton, présente deux ailes en V très ouvertes articulées autour d'une petite rotonde centrale à l'ouest. Sa facture sobre s'inscrit dans le courant moderniste, tandis que son développement en longueur et la symétrie rigoureuse relèvent d'une conception néo-classique. La façade principale, orientée à l'est, s'organise en travées verticales reliant les deux étages, contrastant avec l'horizontalité de la façade ouest dont les courbes adoucissent le plan ; la terrasse et le balcon continu, prolongé par des pergolas à l'étage, ouvrent sur la lumière et la vue. L'intérieur est articulé autour d'un grand hall « à l'italienne » animé par deux paires d'arcs biais en béton qui soutiennent le plafond et traversé par une coursière portée par des piliers circulaires. Des éléments d'aménagement — salon central rond, portes pleines en bois à encadrement mouluré, serrurerie et parquets — apportent des touches discrètes d'élégance. Un petit pavillon d'entrée, initialement garage et logement de domestique, a été transformé en habitation ; malgré l'ouverture de portes-fenêtres, son aspect extérieur est resté assez intact. La réalisation paraît s'inspirer de programmes luxueux contemporains, en particulier des villas de Louis Süe conçues pour des personnalités parisiennes dans les années 1920 ; Süe a par ailleurs travaillé pour la famille Monteux, notamment pour Gaston Monteux. Conservée dans ses aménagements d'origine, la villa constitue un bon témoin des réalisations provinciales de la période Art déco dans la région de Limoges ; ses équipements de confort intérieurs présentent un intérêt quasi-archéologique. La biographie de Pierre Chabrol reste peu documentée, malgré un catalogue relativement fourni de ses réalisations, et il semble avoir reçu sa formation dans une école d'arts décoratifs. Le parc de 11 hectares qui entoure la villa est attribué par la tradition familiale à Robert Lepeu, horticulteur-paysagiste de Limoges. Situé sur un versant occidental en pente douce, il s'articule selon deux grands axes centrés sur la demeure, qui demeure visible de tous points : un axe nord-sud comprenant le chemin d'arrivée depuis la maison de gardien et une allée de tilleuls aboutissant à un portique et à un court de tennis ; un axe est-ouest ponctué d'un rond-point offrant un point de vue autour d'un réservoir d'eau, d'un escalier à double rampe encadrant une cascade aujourd'hui asséchée et remplacée par des plantations, et d'une fontaine insérée dans le mur de terrasse formant socle devant la maison. Les allées, bien entretenues, offrent des promenades en lisière et en sous-bois ; l'une d'elles franchit une rivière dite « anglaise » et une petite pièce d'eau sur une passerelle en béton sans garde-corps aux lignes épurées. Une photographie aérienne prise peu après la construction montre un arc de parterres en avant de la maison. Si certains aménagements du parc relèvent du style des années 1930, l'ensemble suit la tradition des jardins paysagers rencontrée en Limousin.

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