Origine et histoire de la Villa Oustau
L'ingénieur Laurence Oustau s'installe à Tarbes en 1873 et y fonde une tuilerie et une fabrique de céramique récompensée par une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889. La demeure familiale, construite à partir de 1910 par l'architecte Paul-Louis-Joseph Gély, adopte les formes de l'Art Nouveau et se distingue par un décor céramique omniprésent réalisé par le dessinateur local Lucien Gros, reflet des productions de la maison Oustau. L'édifice est entouré d'un parc à l'anglaise de 18 000 m2. Le 23 février 1910, Laurence Oustau achète à Jean-Marie Despaux, chez le notaire Henri Cazenavette, une pièce de terre « partie en nature de jardin, et partie en nature de terre labourable » d'une contenance de 1 ha 50 a 50 ca. L'acte précise que la portion destinée à être terrain à bâtir et jardin d'agrément avait été complantée d'arbres d'essences diverses, de sorte qu'il s'agit d'un espace déjà planté au moment de l'acquisition. Une photographie du 5 août 1911, montrant le soubassement en construction, révèle des arbres d'une quinzaine d'années ou plus, notamment un févier d'Amérique encore en place et un très ancien chêne vert, ce qui laisse supposer des plantations vers les années 1890. L'aménagement du jardin se déroule parallèlement à la construction de la villa. L'eau du canal qui passe devant la propriété est captée par un canalet longeant le mur méridional jusqu'au potager ; trois réservoirs sont aménagés pour l'arrosage et un puits creusé devant le perron est masqué par un décor en ciment faux-bois de style rustique. Selon la tradition familiale, le terrain se divise en trois espaces distincts : le jardin d'agrément autour de la maison à l'ouest et sur les retours latéraux nord et sud, le potager à l'angle sud-est en bordure du mur de clôture, et le verger à l'est, depuis la terrasse jusqu'à la limite de propriété. Une facture de G. Carassus, horticulteur, mentionne une importante livraison d'arbres fruitiers — pêchers, brugnoniers, pommiers, cerisiers, pruniers et surtout poiriers — dès le 26 décembre 1911, montrant que le verger fait l'objet de soins précoces. Les archives familiales conservent aussi une facture pour la grille d'entrée côté ouest, réalisée en février 1913 par le serrurier Grabot, ainsi qu'un croquis d'implantation de végétaux d'ornement dessiné en 1912 par Gabriel Carassus. Horticulteur tarbais réputé depuis les années 1880 et impliqué dans le suivi du jardin Massey, Gabriel Carassus reprend le tracé existant du jardin d'agrément, conservant pelouses et massifs au dessin elliptique ou « en gouttes d'eau » et des allées sinueuses dont la principale fait le tour complet de la demeure. Il complète les plantations et fournitures florales — héliotropes, géraniums, dahlias, œillets d'Inde — comme l'indique une facture du 12 septembre 1913 pour des fournitures de juillet 1912. Des photographies des années 1920-1930 montrent un parc au couvert dense comprenant tilleuls, chênes, cèdres, marronniers, érables sycomores et champêtres, acacias, chênes d'Amérique, sophora, arbres de Judée et lauriers du Portugal, le perron étant orné d'un rosier grimpant. La mémoire familiale mentionne également hortensias, rosiers et lilas. Le verger, aligné à l'est de la maison, est planté de rangées régulières d'arbres fruitiers dominées par les poiriers, et des arbres fruitiers séparent les carrés du potager. Côté sud et est, des terrasses font la transition entre les pièces à vivre et le jardin, tandis qu'un mince rideau d'arbres — platanes, chêne, tilleul — sépare la maison du verger. L'acquisition du domaine par la commune d'Aureilhan a entraîné une perte d'identité de ces espaces : le verger et le potager ont disparu et le jardin d'agrément a perdu un grand nombre d'arbres, victimes de dépérissement ou d'abattages pour raisons de sécurité.