Villa Stella à Royat dans le Puy-de-Dôme

Patrimoine classé Patrimoine de vilégiature Villa

Villa Stella à Royat

  • 39 Boulevard Barrieu
  • 63130 Royat
Crédit photo : Rilba - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1er quart XXe siècle

Patrimoine classé

Villa, y compris les pièces suivantes avec leur décor : vestibule, escalier avec sa cage ornée de vitraux, deux salons et salle à manger du rez-de-chaussée, ainsi que le jardin avec sa grille de clôture (cad. AI 224) : inscription par arrêté du 26 janvier 1998

Origine et histoire de la Villa Stella

Dans la partie haute de la ville thermale de Royat, à l'angle du boulevard Barrieu et de l'avenue Jean Heitz, cette portion de la cité située en contrebas du vieux Royat fut lotie de 1880 à 1914 principalement par des familles de médecins qui y firent édifier des villas, parfois entourées de petits parcs, tandis que des immeubles de rapport et des hôtels se concentrent plus bas. La villa Stella occupe sensiblement le centre d'une parcelle fermée sur la rue par une imposante grille de clôture ; un bâtiment de communs occupe l'angle sud-ouest. Au noyau carré primitif fut ajoutée en 1983 une petite aile basse contemporaine adossée contre un mur aveugle. La villa a été construite en 1911, date gravée au-dessus de la porte, pour le compte de madame Moutaud ; la façade porte la signature du sculpteur Mabru, à l'aube de sa carrière, après son installation à Royat à l'âge de 29 ans. Elle se compose d'un rez-de-cour surélevé et d'un premier étage noble couvert d'un toit-terrasse. Le plan est classique : vestibule central, escalier dans-oeuvre en prolongement, pièces de réception sur rue avec salons de part et d'autre du vestibule, salle à manger et cuisine à l'arrière, et chambres à l'étage. La façade principale, qui justifie l'intérêt porté à l'édifice, présente trois travées sur deux niveaux, d'inspiration néo-Louis XVI teintée d'éléments sculptés relevant de l'Art Nouveau. La travée centrale est précédée d'un perron dont les balustrades comportent deux piles monolithes au décor floral, rubané et sinueux. La porte à deux vantaux vitrés est surmontée, à la hauteur du premier étage, d'une grande table oblongue sculptée en ronde-bosse représentant une jeune femme déhanchée, une épaule nue, portant un jeune enfant sur le bras ; un deuxième enfant, un peu plus âgé, se tient à ses pieds en brandissant un bouquet de fleurs ; ces deux bambins évoquent les putti italiens. La jeune femme, au visage souriant et entourée d'un feuillage formant comme une ombrelle en arrière-plan, rappelle les personnages Art Nouveau des statuettes et des affiches. Les travées latérales, symétriques, montrent au rez-de-cour de larges baies vitrées avec garde-corps en pierre, et à l'étage des fenêtres à balcon munies d'une ferronnerie d'appui à panse renflée, ornée de frises et de feuillages et frappée du monogramme M pour Moutaud ; rubans noués, frises et chutes de fleurs encadrent ces baies dans l'esprit néo-Louis XVI. Une balustrade à fronton central signée Raoul Mabru coiffe la façade ; les autres élévations ne présentent pas d'intérêt particulier. Construite un peu avant la Première Guerre mondiale, la villa Stella est l'un des derniers exemples de maison bourgeoise conçue encore dans l'esprit du XIXe siècle tout en intégrant le vocabulaire décoratif alors à la mode. Le néo-Louis XVI sert de fond architectural au projet, tandis que le décor, confié à Mabru, emprunte à l'Art Nouveau une expression domptée et anecdotique où le pittoresque devient allégorique. Grâce au talent de Raoul Mabru, la villa Stella présente un intérêt exceptionnel : le décor sculpté fusionne harmonieusement avec l'architecture, tant en façade — piles du perron, niche abritant la jeune femme et ses enfants, draperies et guirlandes — qu'à l'intérieur, par les stucs des plafonds et les dessus de portes. Cet artiste local, surtout connu pour ses commandes publiques (monuments aux morts, statues de jardins), signe ici un de ses chefs-d'œuvre.

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