Origine et histoire de la Grotte de Lascaux
La grotte de Lascaux, située à Montignac-Lascaux dans la vallée de la Vézère en Dordogne, est l'une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique supérieur par la qualité et la quantité de ses peintures et gravures. Découverte le 12 septembre 1940 par Marcel Ravidat, Jacques Marsal, Georges Agnel et Simon Coencas, elle conserve un riche ensemble pariétal peint et gravé directement sur les parois. Les compositions représentent surtout des animaux — chevaux, vaches/aurochs, bisons, cerfs, bouquetins, mais aussi ours, rhinocéros, félins et un renne isolé — souvent de grande taille et d'une forte expressivité. La grotte s'ouvre dans une colline calcaire de l'étage coniacien et, contrairement à d'autres cavités de la région, elle est relativement sèche grâce à une couche de marne imperméable qui empêche les infiltrations. L'espace décoré, contenu dans un réseau supérieur d'environ deux cents mètres de galeries et un dénivelé marqué, est traditionnellement subdivisé en zones nommées — Rotonde ou salle des Taureaux, Diverticule axial, Passage, Nef, Diverticule des Félins, Abside et Puits — qui organisent les compositions et les points de visite. Les techniques employées montrent une grande maîtrise : polychromie, estompe, réserves, anamorphose, perspectives et parfois usage d'échafaudages, ainsi qu'une palette variée de pigments naturels (oxydes de fer, dioxyde de manganèse, charbon, hématite, goethite, calcite, argile). Les fouilles et relevés menés dès la découverte ont livré un ensemble d'objets et de vestiges — outillage lithique et osseux, lampes, pointes de sagaies, coquilles percées, charbons et fragments de colorants — qui attestent d'une fréquentation liée à la réalisation des œuvres plutôt qu'à une occupation domestique. La datation des vestiges et des contextes archéologiques a été l'objet de débats, certains auteurs rapprochant les œuvres du Solutréen, d'autres du Magdalénien ancien, et des campagnes récentes indiquent une fréquentation complexe à la charnière de ces grandes phases du Paléolithique supérieur. Dès la découverte, Lascaux a suscité un engouement intense, l'accès public ayant été ouvert en 1948, mais la fréquentation massive a rapidement entraîné des altérations de l'atmosphère intérieure et des parois. L'accumulation de dioxyde de carbone, l'élévation de la température et l'éclairage artificiel ont favorisé l'apparition d'altérations appelées « maladie verte » (colonies d'algues) et « maladie blanche » (dépôts de calcite), conduisant à la fermeture au grand public en 1963 et à la limitation stricte des accès aux seuls scientifiques. Les tentatives de restauration et de régulation climatique se sont multipliées au fil des décennies ; malgré divers systèmes de traitement de l'air et opérations d'urgence pour lutter contre moisissures et champignons, la grotte a connu des épisodes récurrents de contamination biologique qui ont nécessité la mise en place d'un comité scientifique international et des protocoles de surveillance et d'intervention. Pour préserver l'original tout en permettant la connaissance et la visite, plusieurs fac-similés et expositions itinérantes ont été réalisés : Lascaux II, une réplique partielle ouverte au public en remplacement de la visite de la grotte, Lascaux Révélé (Lascaux 3) conçu pour être itinérant, Lascaux Expériences en réalité virtuelle, et enfin le Centre international de l'art pariétal (Lascaux IV) qui présente une reproduction intégrale et des dispositifs muséographiques. Classée au titre des monuments historiques dès l'année de sa découverte et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, la grotte fait l'objet d'une protection juridique et d'une importante activité de recherche pluridisciplinaire. Les interprétations de l'art de Lascaux sont nombreuses et discutées : sanctuaire ou monument à caractère religieux pour de nombreux spécialistes, lien possible avec des pratiques chamaniques pour certains, hypothèses narratives ou archéoastronomiques avancées par d'autres, sans qu'aucune explication unique ne fasse consensus. Certaines compositions, comme la scène du Puits où se combinent figure humaine, animaux et signes, suggèrent des mises en relation volontairement organisées et portent des marques symboliques récurrentes (signes barbelés, groupes de ponctuations, damiers). Aujourd'hui, l'original reste strictement protégé et l'accès y est limité et contrôlé, tandis que les fac-similés et les dispositifs numériques assurent la transmission et la visite de ce patrimoine exceptionnel.
