Origine et histoire de la Serre de la Madone
Le jardin dit Serre de la Madone, conçu entre 1919 et 1939 par le major Lawrence Johnston (1871-1958), est un jardin d'agrément situé sur les hauteurs de Menton, au 74 route de Gorbio, avec une vue dégagée sur la vallée. Johnston, paysagiste réputé en Angleterre et créateur d'Hidcote Manor (1907) et de Sissinghurst (1930), aménagea à Menton un jardin d'hiver autour d'une ancienne ferme agrandie, destiné à accueillir des plantes rapportées d'Extrême-Orient et d'Afrique. Le jardin se caractérise par un enchevêtrement dense d'espèces indigènes et importées qui investissent la structure aménagée en terrasses. Acquis initialement le 24 juin 1924 sur des parcelles appartenant à plusieurs propriétaires, le domaine fut étendu jusqu'en 1928 et constitue une surface de 63 337 m² située entre 51 et 150 mètres d'altitude. Avec l'aide de H. Lloyd, Johnston transforma un terrain de citronniers et d'oliviers en un parc ornemental organisé autour d'une villa perchée à 80 mètres qui sépare les espaces agricoles et forestiers. Pour assurer l'arrosage, il réalisa ou modernisa douze citernes offrant une réserve d'environ 1 000 m³ d'eau. Entre 1927 et 1931, il parcourut l'Afrique du Sud, la Chine et l'Amérique pour enrichir les collections de plantes. Johnston quitta la Serre de la Madone en 1940; la propriété fut pillée pendant l'Occupation et il ne put y revenir que vers 1949. Un éboulement de 200 mètres, provoqué par des pluies continues, endommagea le domaine le 24 avril 1952, et Johnston y décéda le 27 avril 1958. Le jardin fut légué de son vivant à Norah Lindsay, puis transmis à sa fille Nancy Lindsay; il passa ensuite entre plusieurs mains avant d'être vendu en 1986 à une société monégasque, puis abandonné. Pour freiner la dégradation, le parc fut classé au titre des Monuments historiques le 12 décembre 1990 et un programme de restauration fut engagé en 1994 pour préserver les bâtiments et les principales fabriques. Le Conservatoire du littoral acquit le domaine en 1999, ce qui permit d'entamer un important travail de réhabilitation. Aujourd'hui, la Serre de la Madone reste un témoignage majeur des échanges botaniques du début du XXe siècle et d'une pratique paysagère fondée sur la juxtaposition d'espèces locales et exotiques.