Origine et histoire de la Voie de Jules César
La voie dite de Jules César ou chemin de Chartres relie Chartres à Blois sur près de cent kilomètres en traversant les départements d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher. Elle est peut‑être d'origine gauloise, mais son usage à l'époque antique puis au Moyen Âge est certain, et son tracé reste très marqué dans le paysage sous forme de limites parcellaires, de chemins ou de routes ; son aspect d'origine est particulièrement visible au sud du bourg de Verdes. Les tronçons qui traversent la commune de Beauce‑la‑Romaine sont classés monument historique en 1978. Présentant une succession de longues droites, le tracé est bien attesté sur presque toute sa longueur. Dans l'Eure‑et‑Loir, elle part de Chartres et traverse Le Coudray, Morancez, Ver‑lès‑Chartres, Dammarie, Fresnay‑le‑Comte, Meslay‑le‑Vidame, Le Gault‑Saint‑Denis, Pré‑Saint‑Évroult, Bullainville, Dancy, Nottonville, Varize, Saint‑Cloud‑en‑Dunois et Villampuy ; dans le Loir‑et‑Cher, elle traverse Beauce‑la‑Romaine, la forêt de Marchenoir, Vievy‑le‑Rayé, Oucques La Nouvelle, Boisseau, Maves, Averdon, Marolles et Villebarou avant d'aboutir à Blois. Des incertitudes subsistent quant au franchissement des vallons de la Conie à Varize et de l'Aigre à Verdes, ainsi que sur le tracé dans la partie occidentale de la forêt de Marchenoir ; un gué est toutefois signalé sur la Conie et la voie forme une digue au passage de l'Aigre. Au fil des siècles, comme pour de nombreux ouvrages antiques, elle a été attribuée aux Romains et à Jules César, d'où la toponymie répandue : une quarantaine de voies anciennes en France portent un nom similaire. Le parcours croise divers toponymes évocateurs de l'Antiquité et du Moyen Âge, notamment « Chauffours » au Gault‑Saint‑Denis, lieu occupé depuis la Protohistoire et pouvant indiquer la présence de fours, l'évolution possible de columna en La Colombe, et des appellations comme « le Chemin Chausset » à Vievy‑le‑Rayé, « les Chaussés » et « le Grand Chaussé » à Boisseau, ou « la Chaussay » à Averdon. La voie est mentionnée au Moyen Âge dans le cartulaire de l'abbaye Saint‑Laumer de Blois sous la formule Blesencis calceatus callis et figure sur la carte de Cassini comme « chemin de Blois ». Elle n'a pas été tracée à l'initiative de Jules César, mais il est possible qu'elle dérive d'un ou de plusieurs chemins gaulois rectifiés durant l'Antiquité ; sous l'Empire romain, elle fut un itinéraire privilégié pour l'approvisionnement en bois de la Beauce depuis la forêt de Marchenoir, tradition qui perdure jusqu'au XIXe siècle, et a contribué à l'acheminement de grains, de laines et de tissus vers les agglomérations. Sur l'ensemble du parcours reconnu, la voie demeure visible dans le paysage sous forme de limites parcellaires, de chemins de terre ou de routes asphaltées ; elle se confond d'ailleurs entre Chartres et Dammarie avec la D 935, de Dammarie à l'approche de Nottonville avec la D 127, de Sermaise à Pontijou avec la D 110, puis avec la D 924 de Pontijou à Blois. À Membrolles, une coupe réalisée en 1981 a mis en évidence une couche de roulement composée de pierres de 20 à 25 cm alignées, reposant sur des blocs plus gros avec une couche de nivellement ; des pierres posées sur chant en bordure maintiennent la couche de roulement et la largeur de la voie y atteint 7 à 8 m. Au sud du bourg de Verdes, le revêtement ancien en cailloutis, retenu par des pierres en moyen appareil et sans doute réparé à plusieurs reprises, est encore apparent ; la voie y présente l'aspect d'une digue parementée qui barre le cours de l'Aigre et fermait au nord, de l'Antiquité jusqu'à son assèchement en 1851, le lac du Dunois d'environ 20 hectares.