Origine et histoire de la Voie romaine et de l'inscription commémorative
La voie romaine de la vallée du Fier, située sur la commune de Dingy‑Saint‑Clair en Haute‑Savoie, est une portion de voie antique longeant le Fier. La portion de voie et l'inscription gravée sur sa paroi sont classées au titre des monuments historiques par arrêté du 12 avril 1929. Elle s'inscrit sur la rive droite du défilé de Dingy, entre Dingy‑Saint‑Clair et Nâves‑Parmelan, à environ trente mètres au‑dessus du lit du Fier, et traversait jadis le Fier par un pont détruit à la fin du XIXe siècle. Selon Frédéric Lontcho, cette section fait partie de l'itinéraire public reliant Seyssel à Aix‑les‑Bains à l'époque de l'empereur Claude; Philippe Leveau l'interprète plutôt comme une voie privée dont le propriétaire, un riche Allobroge, autorisait l'usage aux habitants locaux. Lorsqu'elle est datée de l'époque de Claude, son aménagement est placé à la fin de la première moitié du Ier siècle. L'inscription est mentionnée pour la première fois au XVIe siècle. La section aménagée, orientée du sud‑est au nord‑ouest, mesure environ 120 m de long. À partir du sud‑est, elle est d'abord soutenue par un mur de contrefort, puis par deux arcades d'une ouverture de 7 m, suivies de deux passages retaillés respectivement longs de 18,90 et 26,60 m. Au niveau des passages retaillés, la roche calcaire est entaillée verticalement et la voie atteint une largeur moyenne d'environ 4 m. Trois niches vides, taillées dans la roche et pouvant avoir accueilli de petits autels votifs, jalonnent le passage retaillé; chacune est rattachée à une partie de la section aménagée, l'une au niveau du mur de soutènement et les deux autres aux passages retaillés. L'inscription lapidaire, gravée à l'entrée nord‑ouest de la section, occupe un cadre mouluré de 0,88 × 0,62 m; parfaitement conservée et lisible, elle se lit « L(VCIVS) TINCIVS PACVLVS PERVIVM FEC(IT) » et se traduit par « Lucius Tincius Paculus a fait faire ce passage ». Cette inscription indique que Lucius Tincius Paculus, disposant assurément d'importants moyens financiers, a fait construire à ses frais un pont sur le Fier et entailler le rocher pour y implanter la voie. Deux autres inscriptions, illisibles, sont signalées sur la paroi; une troisième, aujourd'hui perdue et placée à l'autre extrémité de la zone aménagée, aurait pu être identique à celle conservée.