Origine et histoire du Camp romain
Ce site est un oppidum de plaine du deuxième âge du Fer, situé à La Cheppe dans le département de la Marne, et non un camp romain à proprement parler. La plus ancienne mention connue, vers 850, le nomme Vetus Catalaunum, « le Vieux Châlons », ce qui laisse penser qu'il était l'oppidum principal des Catalaunes. L'Itinéraire d'Antonin évoque le lieu sous le nom de Fanomin (probablement pour Fanum Minervae) et la Table de Peutinger le mentionne sous la forme corrompue Tanomia. Certains chercheurs ont proposé d'identifier cet emplacement au « Camp d'Attila » et comme possible théâtre de la bataille des champs Catalauniques de 451, mais aucune trace archéologique directe ni source contemporaine ne confirment le passage d'Attila. Le toponyme « Camp d'Attila » apparaît dans les écrits à partir du XVIIe siècle chez Adrien Sanson et devient courant au XIXe siècle. L'enceinte, qui date du Ier siècle av. J.-C., est le vestige d'un oppidum gaulois occupé ensuite par les Romains; elle s'étend sur environ trente hectares et présente une forme elliptique. Le site est pourvu de levées de terre, de fossés profonds — d'environ sept mètres selon les descriptions — et était entouré d'une palissade et de remparts, l'ensemble étant adossé au coteau de la Noblette. La végétation a largement repris ses droits, formant aujourd'hui une barrière d'arbres qui isole le lieu. Au Moyen Âge, deux buttes castrales furent érigées sur l'enceinte. Pendant la Première Guerre mondiale, l'endroit fut utilisé comme dépôt de munitions. Le site se situe à l'ouest de la commune de La Cheppe, vers Cuperly, entre le lit marécageux du ruisseau de la Noblette au sud, qui constituait une défense naturelle, et la voie romaine Reims–Toul–Metz au nord; la proximité de la voie et l'étendue de la plaine ont alimenté l'hypothèse d'une bataille à cet endroit. Des fouilles menées de 1861 à 1865 à la demande de Napoléon III par l'instituteur P. H. Létaudin ont mis au jour 87 fosses interprétées comme fonds de cabanes et une nécropole de La Tène ancienne. À la fin du XIXe siècle, d'autres campagnes ont exhumé des céramiques, des colliers en bronze et divers objets en fer forgé, conservés pour la majorité au musée de Saint‑Germain‑en‑Laye. Enfin, les travaux de 1965‑1968 réalisés par J. Grasset ont révélé, au pied de la motte castrale, trois silex et des poteries attestant une fréquentation gallo‑romaine. Le site a été classé au titre des monuments historiques en 1862.