Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame du Reclus
L’ancienne abbaye Notre‑Dame du Reclus (Sancta Maria de Recluso) est une abbaye cistercienne masculine située à Talus‑Saint‑Prix, dans la Marne, diocèse de Troyes, canton de Montmort et arrondissement d’Épernay. Fondée au XIIe siècle, elle tire son nom de l’ermite Hugues‑le‑Reclus (Hugo reclusus) autour duquel, selon la tradition, saint Bernard établit la communauté vers 1142, sur une terre appelée la Fontaine de Béline donnée par Simon Ier de Broyes. Hugues s’était d’abord retiré en un lieu aride de la paroisse de Saint‑Prix nommé Fons Balimi vers 1128‑1130; sa présence et les donations liées à la communauté sont évoquées dans le cartulaire de l’abbaye Saint‑Pierre d’Oyes, notamment une mention de 1176 liée à la confirmation de droits par le comte Hugues de Baye. L’histoire de l’abbaye demeure lacunaire jusqu’à sa ruine par les Huguenots en 1567. Les bâtiments conventuels ont fait l’objet d’une transformation importante au XVIIIe siècle : la charpente et la couverture de l’aile est ont été refaites et dix cellules ont été aménagées à l’étage pour accueillir en pénitence ou en détention des moines en difficulté avec la règle. Le corps de bâtiment qui renferme l’aile est du cloître est massif, de plan rectangulaire et comporte deux niveaux ; ses élévations est et ouest, bien conservées, sont datables du début du XIIIe siècle. À l’intérieur, une salle voûtée en berceau cintré correspond à l’emplacement de la sacristie, unique sacristie médiévale d’une abbaye cistercienne encore conservée en Champagne‑Ardenne. L’abbaye du Reclus est fille de l’abbaye de Vauclair. Les vestiges subsistants sont protégés au titre des monuments historiques par plusieurs arrêtés, couvrant notamment les façades et toitures des bâtiments conventuels du XVIIIe siècle, la chapelle et les vestiges du cloître, la galerie est du cloître ainsi que les vestiges des ailes sud et ouest, arrêtés datés du 22 février 1968, du 13 novembre 1980, du 19 décembre 2012 et du 12 janvier 2012. Les souvenirs locaux entourant Hugues‑le‑Reclus perdurèrent après sa mort, les villageois entretenant sa mémoire par la pratique d’une lampe allumée sur son tombeau.
