Eglise à Huiron dans la Marne

Eglise

  • 51300 Huiron
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Crédit photo : October Ends - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Eglise : classement par arrêté du 31 décembre 1915

Origine et histoire

L'abbaye Saint-Martin d'Huiron est une ancienne abbaye bénédictine située à Huiron, dans la Marne, en région Grand Est. En 1063, l'évêque de Châlons Roger III envoya quelques moines bénédictins qui s'établirent sur la colline dominant le village et y fondèrent une chapelle dédiée à saint Martin. Leur vie religieuse et les services rendus attirèrent de riches donations des seigneurs locaux, notamment Guido ad Barbam (Gui à la Barbe), son frère Hugues, leur sœur Hersinde et des familles de Bar, Grandpré, Châtelraould, Dampierre et Saint-Chéron. Converti en abbaye régulière par l'évêque Geoffroy en 1134, le monastère reçut par la suite l'approbation pontificale et obtint l'autorisation d'élever une église paroissiale adossée au monastère. En 1280, une charte de Gauthier d'Arzillières reconnaît à l'abbaye le service de justice sur le lieu de la vallée d'Oyron. En 1330, la léproserie du mont Morêt, près de Courdemanges, fut annexée à l'abbaye avec tous ses biens en raison d'une mauvaise administration des frères ; elle resta liée à Huiron jusqu'en 1678, puis fut confiée à l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. Le monastère prospéra ensuite : les abbés reconstituèrent des biens antérieurement aliénés et réglèrent de longs procès avec les sires d'Arzillières, de Dampierre et de Grandpré. En 1348, l'abbaye d'Huiron et celle de Montiéramey scellèrent une confraternité destinée à une entraide spirituelle et temporelle. À la mort de l'abbé Gauthier Royer en 1523, un conflit éclata avec François Ier qui interdit une nouvelle élection avant révision des privilèges ; les moines élurent Jean Desjours, provoquant la saisie du temporel par le roi, puis la confirmation finale de leurs droits et de l'élection. En 1550, Huiron fut saccagé par une troupe de protestants ; une seconde attaque menée par La Chapelle fut repoussée par le commandeur de La Neuville-au-Temple et ses volontaires, qui les poursuivirent jusqu'au-delà de Vitry-le-François. En 1563, de nouvelles incursions des huguenots entraînèrent la fuite des religieux après qu'ils eurent caché titres, chartes et livres ; les cloîtres et les bâtiments furent dévastés, des granges incendiées et des objets religieux détruits ou brûlés. Au début du XVIIe siècle le monastère n'abritait plus que cinq religieux, mais il retrouva progressivement un certain éclat ; à la Révolution, le nombre de moines avait doublé et les revenus s'élevaient à 5 000 livres. En 1665, la réforme monastique y fut introduite et l'abbaye adhéra à la congrégation de Saint-Vanne. Des pratiques liturgiques particulières y avaient cours : les processions dominicales parcouraient les cuisines, greniers, écuries, le moulin et le cellier avec une oraison propre à chaque lieu, et le jeudi saint l'abbé prononçait l'excommunication contre « les mauvaises gens, bouteurs de feu, sorciers et sorcières ». L'église abbatiale, devenue l'église paroissiale Saint-Martin de Huiron, est classée monument historique depuis 1915 ; ses nefs datent des XVe et XVIe siècles. Parmi les abbés réguliers figurent Gauthier Royer, Jean Desjours et Jean de Boresdon ; à partir du Concordat de Bologne la gouvernance passa à des abbés commendataires, parmi lesquels Nicolas du Marteau (1533), Gaspard de Marteau (1544-1580), François Viart, Pierre Louvet, Pierre de Saint-Quentin, Florent Bodineau, Louis Barbier du Metz, Charles de La Rochejaquelein, Alexandre Tamisier, Georges de Boisredon, Antoine Allaire et Olivier le Creen (1769-1789). L'abbaye fonda ou administra des prieurés, notamment le prieuré de Notre-Dame de Charmont, établi dès que l'autel de Charmont lui fut donné et devenu au XVIe siècle un titre simple. Sur le plan foncier, des biens donnés aux abbayes d'Orbais par Thibaut II furent réaffectés à Huiron par son fils Henri Ier ; en 1464 l'abbé Simon Charmet possédait une maison de refuge à Vitry-en-Perthois pour les temps de guerre. Dès la fin du XIe siècle, l'abbaye possédait seize églises et de nombreuses fermes dans les environs ; parmi les églises placées sous son patronage ou lui ayant été données figurent Saint-Denis de Courdemanges, Saint-Hilaire de Drouilly, Saint-Martin de Blacy, Saint-Denis d'Isle-sur-Marne, Sainte-Libaire de Sainte-Livière, Saint-Remy de Heiltz-le-Hutier, Saint-Laurent de Thiéblemont, Saint-Martin d'Huiron, Saint-Hippolyte de Cernon, Saint-Memmie de Coole, Notre-Dame de Charmont, Saint-Remy de Nettancourt, Notre-Dame de Châtelraould, Saint-Martin d'Auzécourt, Sainte-Madeleine des Rivières, la chapelle Saint-Michel de Coole, la chapelle Notre-Dame de Farémont et la chapelle Notre-Dame d'Isson. Le chapitre de l'abbaye disposait du droit de patronage sur ces cures et percevait les grosses dîmes de paroisses telles que Blacy, Charmont, Cernon, Coole, Courdemanges, Drouilly, Heiltz-le-Hutier, Isle-sur-Marne, Sainte-Livière, Saint-Remy-en-Bouzemont et Thiéblemont. Une partie des dîmes de Sainte-Livière appartenait au connétable Guillaume de Champagne, qui les abandonna à l'abbaye en 1173.

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