Origine et histoire
L'église Saint-Michel, située rue de l'Église au Wast (Pas-de-Calais), est une ancienne église de culte catholique liée à un prieuré médiéval. Le prieuré a été fondé par Sainte Ide, veuve du comte Eustache II de Boulogne et mère de Godefroy de Bouillon, qui vendit ses alleux pour restaurer ou fonder trois établissements religieux : l'abbaye Saint-Wulmer de Samer, le prieuré Saint-Michel du Wast et le prieuré de La Capelle à Les Attaques, où elle mourut en 1113. La date exacte de la fondation du prieuré n'est pas connue, mais des textes la situent pendant l'épiscopat de Gérard, évêque de Thérouanne, et antérieurement à la fondation de La Capelle. Sainte Ide demanda à être inhumée dans la crypte de l'église et assujettit le prieuré à l'autorité de l'abbaye de Cluny en 1110. Le premier prieur connu, Haunon, est mentionné en 1119; la communauté comprenait alors le prieur et quatre frères. D'autres prieurs sont attestés aux siècles suivants, parmi lesquels Simon en 1197, qui fut grand bailli du comte Renaud de Dammartin et se trouva au service de Louis IX en 1217. Des listes conservées dans les archives permettent de suivre la succession des prieurs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle; au XVIe siècle les prieurs étaient devenus des commendataires. Le prieuré eut autrefois des biens en Angleterre, perdus par la suite, mais il disposait encore de revenus estimés à 2 000 livres, charges comprises, en 1789. Le prieuré connut une certaine prospérité jusqu'au XIVe siècle; dès 1323 il est cependant décrit comme à demi-ruiné par le chapitre général de Cluny. Les destructions infligées à La Capelle par les Anglais en 1346 et à Ardres et Beaulieu en 1390 ont probablement affecté le Wast, et la crypte subsistait encore en 1669 lors du transfert des reliques de Sainte Ide à Paris. Plus tard, les revenus du diocèse de Boulogne ne signalent pour le prieuré qu'un vieux bâtiment et un jardin. L'évêque de Boulogne Pierre de Langle érigea l'église du prieuré en église paroissiale en 1721. Le prieuré et ses dépendances furent vendus comme biens nationaux en 1792; l'église revint à la commune après le concordat de 1801. L'édifice roman fut partiellement détruit au XVIe siècle, durant la domination anglaise de Calais, et l'église qui subsistait en 1854 présentait un état du XVIIIe siècle. Une importante restauration entreprise en août 1910 remplaça les collatéraux disparus aux XVIIe ou XVIIIe siècles par de nouveaux bas-côtés réalisés dans un style traditionnel et mit au jour les colonnes et les grandes arcades de la nef. La façade méridionale du XIXe siècle conserve des traces d'anciennes arcades; la façade occidentale du XIXe siècle était dépourvue de bas-côtés, tandis qu'elle présente aujourd'hui des bas-côtés. Le portail de l'église a été classé au titre des monuments historiques en 1910, puis l'ensemble de l'église a été classé en 1913.