Origine et histoire
L'église Saint-Martin de Franleu, paroissiale, est située à Franleu, à l'ouest du département de la Somme. Sa disposition rappelle le principe de l'église-halle et associe différents gothiques : le gothique classique des arcades et des supports de la nef et du chœur, le gothique flamboyant de la tour, du vaisseau méridional et de la chapelle latérale nord, et un gothique plus tardif pour le chevet du XVIIe siècle. La construction principale remonte au XVIe siècle et le chevet a été reconstruit dans la seconde moitié du XVIIe siècle. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 15 octobre 2014.
L'église, autrefois plus vaste, comportait deux bas-côtés ; le bas-côté nord a disparu. Elle est principalement en pierre, le chevet pentagonal étant en brique. La tour carrée du clocher est renforcée à chaque angle par des contreforts qui se terminent par des éperons et des pinacles appliqués sous un talus. Quatre larmiers divisent la tour en étages ; le dernier présente sur chaque face une grande baie à archivolte dont le meneau a été perdu. La face ouest ne comporte ni portail ni fenêtre mais est flanquée d'une tourelle d'escalier octogonale qui s'élève jusqu'au troisième étage, l'accès supérieur se faisant par une échelle intérieure. La cloche actuelle porte une longue inscription précisant sa fonte en 1838 et les noms de donateurs, marguilliers et ecclésiastiques.
La face sud de la tour présente au niveau du sol une petite porte en anse de panier à archivolte, une grande fenêtre à meneau ornée d'arcs en accolade, mouchettes et trèfle dans le tympan, et une petite fenêtre en anse de panier au second étage. Les contreforts sud-est sont réunis par un pan coupé décoré d'arcatures trilobées appliquées, séparées par un tore et encadrées par un tableau rectangulaire. La façade ouest de la nef est fortement en retrait par rapport au clocher et sa moitié inférieure est appareillée en damier de tuf ; plus haut, le pignon en craie taillée ouvre sur une grande fenêtre autrefois à trois formes. La partie supérieure du mur nord de la nef a été refaite en brique. La façade du bas-côté sud compte deux fenêtres à archivoltes et une troisième, agrandie pour éclairer la chapelle, qui entame la corniche.
Le chevet en briques, à cinq pans, n'est pas antérieur à la fin du XVIIe siècle, comme l'attestent des actes signés par Charles Bonnet relatifs aux réparations et à la construction du chœur en 1680 et 1685, avec mention des artisans et des décimateurs concernés. Le chevet droit du bas-côté sud comportait jadis une grande fenêtre aujourd'hui murée ; son angle sud abrite une niche à dais flamboyante qui contenait une Vierge-Mère en bois du XVIIe siècle. Le chevet de la chapelle nord n'a jamais été percé d'une fenêtre. Un petit porche cubique, vraisemblablement du milieu ou de la seconde moitié du XVIe siècle, adossé à la travée médiane du bas-côté sud, présente un « toit à coupe », des colonnettes à fût galbé et chapiteau d'aspect dorique, un cordon mouluré, des culots en écus subsistants et des ouvertures latérales désormais murées.
Dans l'embrasure de la porte extérieure sous le porche, une plaque de cuivre cintrée porte l'épitaphe de Jacques Antoine Dorémus, prêtre décédé le 17 juin 1828 à l'âge de 75 ans et 9 mois, qui y est loué pour ses vertus sacerdotales ; la plaque est signée Leclercq, graveur à Abbeville.
La voûte intérieure est entièrement lambrissée de bois ; la charpente apparente de la nef est sans sculpture tandis que celle du bas-côté présente des sablières en deux registres et des blochets en forme de têtes, avec deux graffiti de restauration portant les inscriptions «1683 AP» et «1755 JPT». La nef, divisée en quatre travées attribuées au XIVe siècle, repose sur des colonnes cylindriques montées sur de hauts socles octogonaux sans moulure ; les chapiteaux, inachevés et dissemblables, montrent des traitements variés du tailloir et de la corbeille. Les grandes arcades en tiers-point sont à arêtes abattues et leurs cavets sont amortis par des congés en pyramide.
Le bas-côté sud est éclairé par deux fenêtres en tiers-point ; sa première travée porte la tour qui empiète sur la deuxième travée de la nef, tandis que la deuxième travée ouvre sur le porche et ne comporte pas de fenêtre, une arcature obstruée par un contrefort orné d'arcatures gênant partiellement l'ancienne ouverture. Des colonnettes aux bases datées du XIIIe siècle encadrent l'arc triomphal côté chœur ; une fine scotie sépare deux tores et le socle est semi-octogonal. La quatrième travée du bas-côté correspond au chœur et à une chapelle nord, unique travée subsistante du collatéral démoli, chacune éclairée par une grande fenêtre sans meneaux ; la chapelle nord conserve une piscine sans ornements. Le chevet comporte deux fenêtres sur ses pans latéraux et les quatre blochets de sa voûte représentent les symboles des Évangélistes.
Le maître-autel remonte à la reconstruction du chevet ; un contrat daté du 23 mai 1678 mentionne la commande à Nicolas Gouchon, sculpteur d'Abbeville, d'une table d'autel et de sièges en chêne, ainsi que des travaux d'ébrasement des fenêtres et de lambris, pour un prix de 690 livres et un délai de neuf mois. L'église conserve en outre un retable, une chaire à prêcher, un confessionnal, des fonts baptismaux et un chemin de croix ; le retable de saint Martin, du XVIIe siècle, a été restauré en 1996 par l'artiste belge Christine Springel qui a également repris le chemin de croix. Après la Seconde Guerre mondiale, les vitraux ont été restaurés ; l'un est dédié à saint Martin, un autre représente la bataille de 1940 avec les noms des civils de Franleu tués inscrits sur le verre, et un troisième montre l'Annonciation.