Origine et histoire du Château de Forges
Le château de Forges est une ancienne demeure fortifiée du XVe siècle, située à Concremiers (Indre), dans l'ancienne province du Berry, et classée au titre des monuments historiques par arrêté du 26 octobre 1964. Il occupe l'emplacement d'une ancienne motte dominant la rive gauche de l'Anglin, près d'un gué, et faisait partie d'un dispositif défensif protégeant la limite sud du Berry des invasions anglaises. Construite par Jehan de Poix, échanson de Charles VII, la fortification a été autorisée par lettres patentes du roi en 1442, qui précisent que la construction était déjà bien avancée et qu'auparavant le logis n'était pas fortifié. L'ensemble comprend un donjon massif et carré, cantonné de tours aux angles, une courtine bordée de tours et des bâtiments de communs organisés autour d'une petite cour intérieure.
L'analyse dendrochronologique met en évidence plusieurs phases successives de chantier entre le milieu et la fin du XVe siècle : charpente et hourd du donjon vers 1447, réaménagement probable du logis au nord‑est de la cour vers 1453, charpente de la tour sud‑ouest vers 1464‑1466 et charpente du logis au sud de la cour vers 1469‑1471; d'autres aménagements de la seconde moitié du XVe siècle incluent une chapelle au nord‑est, un corps de bâtiment à l'ouest du donjon et une dépendance au sud‑est de la cour, tandis que la tour nord‑ouest a été aménagée en colombier en deux phases. Vers 1713, le hourd est démonté et la toiture du donjon abaissée; de nombreux percements sont réalisés dans les parties basses du donjon et de l'enceinte, notamment à la fin du XIXe siècle lorsque le château est transformé en ferme. Remis en état au cours de la seconde moitié du XXe siècle, il redevient une demeure.
Du point de vue de la propriété, la seigneurie passe au milieu du XIVe siècle aux Tyrel, sires de Poix, et reste dans la famille jusqu'à Marguerite de Poix, mariée vers 1600 à Antoine de Lage sans postérité; Renée de Poix hérite ensuite et transmet notamment aux filles Catherine et Gabrielle de Muzard. Forges est ensuite vendu au marquis de Lussac, cédé vers 1715 à Matthieu Pinsonneau, puis vendu vers 1719 à Marie‑Madeleine de La Vieuville, marquise de Parabère, qui cède en 1738 ses terres à Claude Dupin. Après plusieurs changements de propriétaires, Léon Chézeau puis Fernand Aubier le remettent en état; les héritiers vendent enfin à la vicomtesse Félix de Poix, grand‑mère du propriétaire actuel, qui se réclame d'une lignée directe depuis Jehan de Poix.
Architecturalement, l'ensemble est l'un des mieux préservés de la région et reste assez cohérent dans ses dispositions d'origine. Le donjon et le grand logis, élevés au XVe siècle, sont entourés sur trois côtés de murailles adossées à cinq tours percées d'archères, dont l'une sert de colombier; le logis est renforcé de puissants contreforts et flanqué d'une tour de défense pourvue de canonnières. Des traces dans les murs et les charpentes témoignent de l'existence de hours formant un chemin de ronde continu, aujourd'hui supprimés et remplacés par des charpentes modifiées. L'accès à l'enceinte se fait par le sud entre deux tours reliées par un chemin de ronde dominant un appareillage en mâchicoulis; dans la cour se trouvent le donjon quadrilobe, le bâtiment de garde au sud, et à l'est les écuries, le cellier et la chapelle castrale.
Depuis 2007, une partie du château a été aménagée en chambres d'hôtes et le site est ouvert au public lors des Journées européennes du patrimoine.
