Origine et histoire du Château de Lesparre
Le donjon carré, aujourd'hui appelé Tour de l'honneur, est le principal vestige de l'ancien château féodal de Lesparre-Médoc, classé au titre des monuments historiques depuis le 10 septembre 1913. Un château existait déjà au XIIe siècle, mentionné comme « castello quid dicitur Sparra », et l'ensemble est cité en 1274. Reconstruit après 1303, il a été développé aux XIIIe et XIVe siècles ; le donjon remonte au premier quart du XIVe siècle et sa construction est datée de 1320. La forteresse entra dans l'orbite anglo-gasconne par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt, puis resta sous influence anglaise pendant près de trois siècles, jusqu'en 1453 ; au XVe siècle elle fut vendue au roi d'Angleterre et devint un centre de la domination anglaise. Au Moyen Âge, les sires de Lesparre commandèrent une grande partie du Médoc et le château accueillit des personnalités de la langue d'oc, tels les troubadours Aimeric de Belenoi et Pey de Corbian. Certains seigneurs se firent une réputation, notamment Florimont de Lesparre, parti en Terre sainte et célèbre pour avoir provoqué en duel Pierre de Lusignan, roi de Chypre. La forteresse passa ensuite aux familles de Madaillan, d'Albret, de Foix, de Clèves, de Matignon, d'Épernon et de Gramont. Vendue comme bien national pendant la Révolution, elle fut presque entièrement démantelée peu après et rachetée par la commune en 1840. Un relevé de 1846 décrit une enceinte en hexagone irrégulier, protégée par un ruisseau sur deux côtés et entourée de marais sur les autres faces. La porte, aujourd'hui disparue, était flanquée de deux tours rondes ; le donjon défendait l'avancée la plus exposée du polygone. Le donjon, haut de près de trente mètres, comporte cinq niveaux : un rez-de-chaussée couvert de croisées d'ogives et quatre salles voûtées dont les planchers ont disparu. La plate-forme sommitale conserve une ligne de mâchicoulis et une tourelle d'angle en encorbellement. La voûte supérieure qui porte la terrasse présente une disposition particulière : elle repose sur une double croisée d'arcs, les uns suivant les diagonales, les autres normaux aux faces. Des marques de tâcherons sont visibles sur la tour. La Tour de l'honneur abrite aujourd'hui un musée consacré à l'histoire locale, à l'artisanat et aux traditions médocaines.