Origine et histoire
Le château des ducs de Bourbon se situe à Moulins, près de la cathédrale, dans le département de l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Au XIVe siècle, il comprenait un donjon habitable, la « tour Mal‑Coiffée », les restes d’un logis percé de grandes fenêtres en arcs brisés, une grande salle (aula) destinée à la représentation du pouvoir ducal et quatre bâtiments entourant une cour intérieure. Intégré aux fortifications de la ville, l’ensemble était pourvu de fossés, de lices et de tours. La tour Mal‑Coiffée est le principal vestige du château médiéval ; son surnom proviendrait d’une remarque de Louis II de Bourbon : « c’est une belle tour, mais elle est mal coiffée ». Ce donjon du XIVe siècle mesure environ 20 mètres sur 14, s’élève sur 45 mètres et comprend six ou sept niveaux. Lui sont accolés un petit bâtiment de la fin du Moyen Âge, doté d’une galerie extérieure d’inspiration italienne, et une tour formant le pavillon Anne de Beaujeu. Lors des agrandissements de la fin du XVe siècle, Pierre II et Anne de Beaujeu firent construire l’aile nord, en 1497, qui compte parmi les premiers édifices de la Renaissance en France ; cette partie, très remaniée, porte le nom de pavillon Anne de Beaujeu et abrite aujourd’hui le musée départemental d’art et d’archéologie. Un bâtiment reconstruit en 1900 accueille un musée des beaux‑arts. L’existence d’un premier château est attestée au XIe siècle, probablement succédant à une motte castrale du Xe siècle ; avant 1341, Louis Ier duc de Bourbon transforma l’hôtel des Archambaud, et Louis II rebâtit le château entre 1366 et 1375. Après le démantèlement du duché du Bourbonnais, le château passa aux mains des reines de France ; la reine Louise de Lorraine‑Vaudémont, veuve d’Henri III, s’y retira et y mourut en 1601. En 1755, un violent incendie porta un coup sévère au château, qui ne s’en remit pas ; lors de la Révolution française il fut vendu comme bien national, et au XIXe siècle l’extension de la cathédrale entraîna le démantèlement d’une partie des constructions. Les restes du palais sont classés au titre des monuments historiques par la liste de 1875. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la tour servit de prison allemande du 9 juin 1940 au 25 août 1944, des milliers de Juifs et de résistants y furent détenus, et la tour demeura affectée à une fonction de prison jusqu’en 1984. Rénovée en 2007, elle est ouverte au public et fait l’objet de travaux de restauration ainsi que de projets de restructuration de l’espace fortifié pour ses fonctions muséales. Il ne subsiste aujourd’hui du palais érigé par Louis II puis modifié par Pierre II et Anne de Beaujeu que la tour Mal‑Coiffée, la grande courtine, la tour des archives et des caves ; un plan de 1777 ou 1779 permet cependant de connaître l’ensemble du palais dont il ne reste que des vestiges. Des documents et vues illustrent ces vestiges, la façade sur cour du pavillon Anne de Beaujeu à la fin du XIXe siècle, le pavillon de nos jours et la cave de la Mal‑Coiffée qui servit de prison collective pendant l’Occupation.