Période
2e moitié XVIe siècle, XVIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
L'ensemble des bâtiments de l'ancien couvent, y compris les parties reconstruites au XIXe siècle : le cloître et les bâtiments l'entourant (l'église et ses deux chapelles latérales, la cour d'entrée avec le grand portail sur rue, l'aile triangulaire au nord avec son pavillon, l'aile orientale avec son pavillon, l'aile sud) , le bâtiment qui prolonge au sud l'aile orientale du cloître avec son pavillon central à l'est et les deux terrasses de l'ancien jardin qui le jouxtent à l'ouest (cad. AL 22) : inscription par arrêté du 21 janvier 2005 - En totalité, la cavité dite "caveau de Saint-Pothin", avec son autel, ses grilles et les 19 lampes de sanctuaire qui subsistent fixées aux grilles et aux murs, la chapelle souterraine attenante avec son autel, ses lampes en applique et son portique d'entrée situé au niveau du cloître, le sol du même cloître dans sa totalité, l'ensemble faisant partie de l'ancien hôpital de l'Antiquaille (cad. AL 22) : classement par arrêté du 6 juillet 2005
Origine et histoire
Le site de l'Antiquaille à Lyon occupe l'emplacement d'une ancienne ville romaine où, entre 1505 et 1514, fut édifiée une maison de campagne comprenant un logis précédé d'une terrasse, d'un jardin et d'une chapelle. Le logis est reconstruit au XVIe siècle à plus grande échelle. En 1629, le domaine est acquis par les religieuses de la Visitation qui le remodèlent entre 1632 et 1639 : un cloître est adossé à l'ouest du logis, les ailes ouest et sud sont neuves et l'aile nord intègre des éléments de l'ancienne maison, prolongée vers le sud. En 1672-1673, les religieuses ajoutent deux pavillons et un pavillon central pour rétablir la symétrie du corps de bâtiment. Devenu bien national à la Révolution, le domaine est occupé en 1803 par l'hospice de la Quarantaine, qui se spécialise ensuite dans les soins des maladies vénériennes et des aliénés. Un projet d'extension en 1807 est confié à l'architecte Louis Flachéron, qui fait édifier une nouvelle aile au nord et un bâtiment en hémicycle au sud. À l'ouest de cet hémicycle, François Hurasco construit, de 1834 à 1840, un bâtiment conduisant à la reconstruction de la deuxième chapelle latérale de l'église, ornée d'une fresque de Louis Janmot. À la fin du XIXe siècle, l'établissement devient un hôpital de quartier et d'institution; en 1881 une partie de l'aile centrale et la moitié de l'aile sud sont reconstruites par Paul Pascalon. Le bâtiment en hémicycle est détruit en 1935 et remplacé par une construction dessinée par R. Giroud et L. Weckerlin. Sous le préau du cloître, un local creusé dans le rocher, probablement du XVIe siècle, est considéré comme la prison de Saint-Pothin et des premiers martyrs lyonnais ; une chapelle souterraine y est adjointe et décorée entre 1886 et 1893 sous la direction de l'architecte Sainte-Marie Perrin. L'ensemble, qui occupe l'ancien couvent de Visitandines et les parties construites au XIXe siècle, est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 21 janvier 2005.
Dès 1803, l'ancien couvent remplit une vocation hospitalière pour désengorger l'hospice de la Quarantaine en accueillant notamment des prostituées, des aliénés, des mendiants et quelques condamnés ; les fonctions de soins y passent alors au second plan, même si les médecins sont recrutés par concours. Au milieu du XIXe siècle, la médecine devient expérimentale et les praticiens de l'Antiquaille participent à cette évolution. Entre 1830 et 1876, l'établissement fait l'objet de nombreux travaux, pour la plupart dirigés par Louis Cécile Flacheron, architecte de la ville de Lyon, et il est réuni en 1846 aux hospices civils de Lyon en raison de difficultés budgétaires. Parmi les médecins ayant marqué l'hôpital figurent Paul Diday, dont les travaux sur les maladies vénériennes, notamment la syphilis, distinguent cliniquement la blennorragie de la syphilis avant la découverte du gonocoque par Albert Neisser ; lui succèdent Joseph Rollet et Antoine Gailleton. Jean-Victor Augagneur, ancien interne puis chef de clinique chirurgicale, publie avec Marius Carle un Précis des maladies vénériennes, et Victor Rochet transforme en 1900 le service des hommes vénériens et dermatologiques en service d'urologie.
Durant la Seconde Guerre mondiale, en mai 1943, une opération de la Résistance menée par le groupe franc de Libération‑Sud libère de faux malades détenus par les Allemands, parmi lesquels figurent Serge Ravanel, Maurice Kriegel‑Valrimont et François Morin‑Forestier. Après la guerre, l'activité évolue de la syphilographie vers la dermatologie sous l'impulsion des docteurs Jean Gaté et Thiers, puis vers la néphrologie grâce à Jules Traeger ; en équipe avec le service de chirurgie urologique, l'hôpital réalise des greffes rénales dont les résultats restent incertains jusqu'à l'apparition, au milieu des années 1960, du sérum anti-lymphocytaire préparé par l'Institut Pasteur de Lyon, qui place l'Antiquaille parmi les établissements avancés en transplantation d'organes. Le site abrite également un service de neurologie et reçoit des détenus jusqu'en 1985. L'hôpital ferme en 2003 ; le site est acquis par la Société anonyme de construction de la ville de Lyon pour être transformé en logements, bureaux, résidence universitaire, restaurant et hôtel cinq étoiles. Une fouille préventive menée de juillet 2011 à avril 2012 met au jour un habitat privé antique daté des Ier–IIe siècles, puis l'hôtel Villa Maïa ouvre en mars 2017 sur l'emplacement de l'hôpital.