Origine et histoire
Le couvent des Jacobins de Toulouse, situé entre le Capitole et la Garonne à proximité du lycée Pierre-de-Fermat, comprend l'église dite « église des Jacobins », un cloître, une salle capitulaire, un réfectoire et la chapelle Saint-Antonin. Né à Toulouse sous la conduite de Dominique de Guzmán, l'ordre des Frères prêcheurs y établit un couvent qui traduit le développement de la communauté. Sur des terrains donnés par Pons de Capdenier, la première pierre de l'église est posée en 1230 et une messe y est célébrée quatre ans plus tard; des éléments de marbre noir présents dans la nef matérialisent le plan de cet édifice initial. Rapidement trop exigu, le bâtiment est élargi entre 1245 et 1252. Une nouvelle campagne de travaux, menée de 1275 à 1292, voit le voûtement du chœur et l'élévation du clocher avec ses arcs en mitre caractéristiques de la région. La dernière grande phase de construction, entre 1324 et 1336, concerne l'agrandissement et le voûtement de la nef ; l'église est consacrée le 22 octobre 1335. La division intérieure en deux nefs répond à la volonté de séparer l'espace réservé aux religieux de celui des fidèles venus écouter les prédications. Les autres bâtiments conventuels datent de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècle : la salle capitulaire achevée en 1301, le réfectoire en 1303, le cloître construit entre 1307 et 1310, la sacristie achevée en 1315 et la chapelle Saint-Antonin. En 1369 l'église reçoit les reliques de saint Thomas d'Aquin, qui y sont vénérées depuis.
Après la Révolution, le couvent est fermé puis confisqué ; l'église est successivement affectée au culte paroissial et la Ville devient propriétaire en 1804. Quelques années plus tard le site est réquisitionné par l'empereur pour servir de caserne d'artillerie, et pendant cinquante-trois années d'occupation le mobilier est retiré, les vitraux démontés, des chapelles latérales détruites et la nef utilisée comme écurie. La ville récupère l'ensemble en 1865 et rend l'église au culte en 1873, tandis qu'un lycée de garçons s'installe dans une partie des bâtiments.
Des campagnes de restauration engagées au début du XXe siècle et poursuivies tout au long du siècle ont permis de restituer une grande partie du caractère du couvent. Maurice Prin consacra plus de soixante ans à sa réhabilitation et fut nommé conservateur honoraire du monument. Entre 1951 et 1964 Max Ingrand réalise dix vitraux aux teintes vives qui animent l'intérieur gothique ; les murs retrouvent leur décor peint et le sol est pavé de terre cuite et de marbre blanc lors d'interventions en 1971-1972. Deux galeries du cloître, disparues en 1834, ont été remontées et le réfectoire accueille désormais des expositions temporaires. Les reliques de saint Thomas d'Aquin regagnent leur place en 1974, à l'occasion du sixième centenaire de sa mort. En 2016, la chapelle Saint-Antonin a accueilli l'exposition « Trajectoires Dominicaines » pour renouer avec les racines médiévales de l'ordre.