Origine et histoire
Le couvent des Tiercelettes, aujourd'hui hôpital, est situé 40 rue Rabelais à Fontenay-le-Comte, en Vendée. Les tertiaires régulières franciscaines, appelées Tiercelettes, fondèrent un premier couvent dans le faubourg du Puits-Saint-Martin en 1460, après une tentative en 1326. À la suite de la dégradation des bâtiments pendant les guerres de Religion, les religieuses s'établirent au nord de l'actuelle rue Rabelais vers 1630, près du nouveau couvent des cordeliers. Plusieurs documents, notamment l'inventaire des biens de la communauté dressé en 1790, permettent de reconstituer l'histoire des deux établissements. L'emplacement du premier couvent, dit "à la Santé", est identifiable avec l'hôpital qui porta ce nom après le départ des religieuses. Le second monastère de la rue Rabelais fut édifié sous la supérieure Anne Duclos au cours du deuxième quart du XVIIe siècle ; les terrains furent acquis en 1624 et 1625. L'évêque de Maillezais autorisa la construction du couvent en 1625 et celle de l'église en 1629 ; l'église, dédiée à sainte Anne et à la Vierge, fut consacrée le 26 mars 1635, comme l'atteste l'acte original conservé aux archives de l'hôpital. La date du 13 mai 1659 avancée par Benjamin Fillon concerne en réalité le transfert du jour de la fête de dédicace et non la consécration de l'église. En 1642, les religieuses échangèrent les bâtiments de l'ancien couvent contre des terres. À la Révolution, le couvent ne fut pas vendu comme bien national ; une loi du 15 avril 1798 ordonna le transfert des hôpitaux de la ville vers l'ancien couvent des Tiercelettes, alors situé sur la route de Nantes. L'hôpital ouvrit ses portes le 10 mai 1800 et les Sœurs de Saint Vincent de Paul y reprirent leurs activités le 20 juin 1801 ; l'architecte Girard et l'ingénieur Champion furent chargés d'aménager les locaux. Au XIXe siècle, de nombreux travaux furent réalisés, dont des bâtiments en U à l'est de la chapelle construits entre 1826 et 1843, un long bâtiment orienté nord-sud édifié dans la première moitié du siècle et une citerne réalisée en 1832 par l'architecte Joseph Babin. En 1843, l'architecte Auguste Garnereau proposa un aménagement ambitieux pour l'hospice d'aliénés qui ne fut pas exécuté. Selon Robert Aujard, l'aile gauche de la cour d'honneur fut refaite en 1885. Les témoignages sur la reconstruction de la chapelle en conservant certains éléments d'origine divergent : selon le docteur Guerry elle aurait été refaite en 1855 par Garnereau, selon l'abbé Aillery en 1862 par Mandin. La chapelle possédait trois nefs voûtées en berceau et un chœur tréflé couvert de culs-de-four. Au XXe siècle, et surtout dans sa seconde moitié, des destructions et de nouvelles constructions modifièrent le site ; en 1988 la chapelle fut démontée puis remontée à proximité pour permettre la construction d'un nouveau bloc opératoire, mais sans les voûtes en berceau ni le chœur tréflé de la chapelle du XIXe siècle. Les toitures des bâtiments qui ceignent la cour d'honneur sont principalement en ardoise, avec de longs pans agrémentés de croupes et de noues, tandis que la chapelle présente un toit à longs pans terminé par une croupe polygonale ; d'autres constructions sont couvertes de tuiles. Les murs sont réalisés en calcaire et moellon, recouverts d'un enduit soigneusement appliqué. Avant la Révolution, la ville comptait deux hôpitaux dans le quartier des Loges, dont l'Hôtel-Dieu ou hôpital Saint-Jacques aux 51-63 rue des Loges, édifié vers 1130 sous Guillaume X, amplifié sous Alphonse, comte de Poitiers, et reconstruit vers 1280 sous Philippe le Hardi. Au XVIe siècle, l'hôpital s'agrandit de l'autre côté de la rue des Loges avec une chapelle dédiée à saint Jacques et un cimetière aménagé en 1613 ; les épidémies de peste de 1588 et 1628 y firent de lourdes pertes. En 1684, une ordonnance royale fit de cet établissement un hôpital général destiné notamment aux mendiants, avec ateliers et une classe d'enseignement de la lecture ; en 1733 il hébergeait des militaires et des marins. En 1770, des inondations causèrent d'importants dégâts que l'hôpital ne put réparer faute de ressources. En janvier 1794, les dernières huit religieuses furent expulsées et conduites à l'abbaye de Celles, où elles furent détenues jusqu'au 27 juin 1794. En 1854 fut édifié et béni l'Orphelinat de l'Immaculée Conception destiné à l'instruction d'enfants démunis. Le XXe siècle vit des aménagements successifs : en 1952 l'hôpital fut réorganisé pour accueillir des départements médicaux et une unité clinique, le centre médico-chirurgical prit le nom de Lattre de Tassigny et la clinique celui de Bernard de Lattre de Tassigny, cérémonie prévue le 14 septembre 1952. En 1955 un pavillon pour personnes âgées fut construit, puis en 1966 la maison de retraite dite "Petit Vignaud". D'importantes restaurations eurent lieu en 1972 ; une école d'infirmières, inaugurée le 4 novembre 1977 par Olivier Guichard, compléta les installations, et les Sœurs de Saint Vincent de Paul quittèrent définitivement l'hôpital en avril 1979. La chapelle, le cloître et la galerie sont inscrits aux monuments historiques depuis 1988. En 1990 l'établissement dut faire face à d'importantes difficultés financières et techniques ; en 2004, à l'occasion du 320e anniversaire mentionné dans les archives, l'hôpital cessa son activité et ses services furent transférés vers le Pôle Santé ; le site a ensuite été acquis par le groupe Édouard Denis qui prévoit sa réhabilitation en un immeuble résidentiel de 80 appartements.