Origine et histoire de l'ancien couvent
Le couvent Saint-François, ancien couvent franciscain, se situe dans la plaine d’Oletta, à deux kilomètres du village, près de la route D82. La chapelle remonte à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, mais l’ensemble conventuel a connu des reconstructions aux XVIIe et XVIIIe siècles et des réemplois de matériaux. Il figure parmi les plus anciens couvents du Nebbio, déjà classé troisième de l’île au chapitre de Narbonne en 1260, et a remplacé une fondation antérieure. Autrefois composé de vingt-cinq cellules, il abritait dix-huit frères, dont trois prêtres, et assurait des missions d’enseignement et de prédication. Les religieux jouèrent un rôle actif pendant les conflits du XVIIIe siècle contre l’occupation génoise et soutinrent la cause de Pascal Paoli en parcourant la région pour rallier les partisans. Plusieurs consultes se tinrent au couvent en 1745, 1747, 1750 et 1753. En 1758, Pascal Paoli installa dans l’enceinte une imprimerie nationale, la Stamperia della verita, qui publia des textes historiques et philosophiques. Lors de l’arrivée des Français en 1768-1769, Oletta fut occupée et le couvent servit de quartier général ; en 1769 les religieux furent chassés. Une conspiration dite d’Oletta, organisée par l’abbé Saliceti à la demande de Paoli, fut déjouée après des dénonciations et entraîna la condamnation et le supplice de cinq patriotes, privés de sépulture chrétienne. Parmi eux, Don Petru Leccia fut supplicié et exposé sur la place ; sa fiancée Maria Gentile, en dépit de l’interdiction, lui offrit une sépulture dans la chapelle conventuelle, geste qui suscita la clémence du général de Vaux. Une plaque au‑dessus de la porte latérale rappelle le martyre des cinq patriotes le 25 septembre 1769. Les religieux furent réinstallés en 1854 puis quittèrent à nouveau le couvent à l’occasion de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 ; ils revinrent en 1934 mais partirent peu après la guerre. Dans les années 1960, des bénédictines animèrent le site ; Sœur Stella y vécut jusqu’en 1990, après quoi le couvent resta une décennie inoccupé, fut squatté, pillé et commença à tomber en ruine. À l’époque de la mise en vente, l’édifice en ruine comportait trois étages, des toitures percées, des planchers effondrés, l’église pillée et, selon les descriptions, dix-sept cellules. L’ancienne aile d’habitation, reconstruite aux XVIIe et XVIIIe siècles, se trouve au nord de la chapelle sur deux étages ; chaque étage comportait six cellules, tandis que le rez-de-chaussée voûté accueillait réfectoire, parloir et cuisines. La chapelle, orientée à l’est, est surmontée d’un haut clocher ; sa façade présente deux ordres de pilastres superposés et un portail de style classique avec une fenêtre au‑dessus. Les murs latéraux sont renforcés par des contreforts qui, à l’intérieur, soutiennent neuf chapelles latérales ; la nef, voûtée en plein cintre, repose sur des piliers de maçonnerie, et le chœur de treize mètres donne sur une crypte où se trouvent les tombes des franciscains. L’abandon à la fin des années 1980 a provoqué de lourds dégâts intérieurs : stucs baroques détruits, dallage brisé, statuaire et mobilier volés, maître‑autel baroque dégradé, et le chœur cloisonné en salles de réunion. Le couvent fut acquis au tournant des années 2000 par l’artiste Candida Romero, qui a mené sans fonds publics une restauration partielle et entrepris la remise en valeur du site. La restauration de l’aile nord date des années 2005 ; elle sert désormais de logement aux propriétaires, de salles de réception et accueille neuf chambres d’hôtes aménagées dans les anciennes cellules. L’aile Est‑Ouest des communs reste en ruine, tandis que la chapelle, restaurée en 1872, est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 29 novembre 1974 et placée sous la sauvegarde d’une association. Depuis 2017 le site accueille des résidences d’artistes internationaux, des expositions, concerts et événements, et la chapelle est utilisée comme lieu d’exposition et de manifestations. Le couvent a reçu plusieurs distinctions, parmi lesquelles le Prix de la Sauvegarde de l’Art Français, le Prix VMF, le Prix du Pèlerin Magazine / Un Patrimoine pour demain et le label de la Demeure Historique en tant que monument privé. Les jardins, acquis et aménagés autour du couvent, couvrent près d’un hectare et sont organisés en thèmes — jardin des moines, jardin des roses, jardin de ruines, jardin Renaissance italo‑oriental — plantés d’essences endémiques corses et orientales. En 2010 l’artiste a créé une marque de cosmétiques et parfums inspirée des essences des jardins pour soutenir la restauration et la préservation du site.