Origine et histoire
L’ancien couvent Sainte-Anne se situe rue de Kerampont à Lannion, dans le département des Côtes-d’Armor en Bretagne. Il trouve son origine en 1667 lorsque, à la demande de la municipalité, cinq sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus, appelées Augustines, sont envoyées de Quimper pour prendre possession d’un Hôtel-Dieu et d’une chapelle alors très délabrés. Le monastère et ses dépendances sont construits progressivement grâce au soutien de bienfaiteurs locaux : le chœur conventuel, placé du côté du pont sur le Léguer, est achevé en 1704, et la « petite » chapelle située dans l’actuel parc Sainte-Anne date de 1753. Sous la Terreur, les religieuses sont expulsées et envoyées à Tréguier en 1794 ; elles ne retrouvent leur monastère qu’en 1805, mais doivent le partager avec la municipalité, qui y avait installé une bibliothèque, un collège et un bureau de charité. À la Restauration, les Augustines recouvrent l’usufruit de l’ensemble des lieux et ouvrent un pensionnat en 1818. En 1862, la municipalité s’accorde avec les religieuses pour construire un nouvel hôpital destiné à remplacer l’Hôtel-Dieu et l’hôpital général, jugés inadéquats ; l’architecte Édouard Puyo conçoit cet établissement situé à l’ouest du monastère, qui est inauguré en 1866. Les sœurs retrouvent alors la pleine propriété du domaine en contribuant au financement et à la gestion du nouvel hôpital. L’achèvement de la « grande » chapelle en 1900, édifiée entre le monastère et l’hôpital après six années de travaux, marque l’apogée du site. La loi Combes de 1904 contraint les Augustines à fermer leur pensionnat ; elles consacrent dès lors leur activité à l’hôpital et se distinguent par leur engagement auprès des blessés lors des deux guerres mondiales. L’après-guerre est caractérisé par un assouplissement de la clôture religieuse. En 1975, l’hôpital est transféré vers un nouveau site au sud de la commune ; les bâtiments hospitaliers accueillent ensuite des enseignements, dont ceux de l’Institut universitaire de technologie puis, à partir de 1985, de l’École nationale supérieure des sciences appliquées et de technologie. Dans les années 1970, la ville acquiert la partie nord-ouest non bâtie du domaine pour y aménager le boulevard Pierre-Mendès-France, un parc public englobant la petite chapelle et le cimetière du monastère, ainsi qu’un parking. Les Augustines aménagent également un foyer pour jeunes travailleuses et une résidence pour personnes âgées, et restent présentes sur le site jusqu’aux années 2000. Elles mettent le monastère en vente en 2003 ; la ville l’acquiert pour 2,5 millions d’euros dans l’intention d’y installer une médiathèque et des locaux associatifs. Les dernières sœurs quittent Lannion pour Gouarec en 2008. Les études et les travaux de réhabilitation, complexes, se prolongent jusqu’en 2016 et aboutissent à l’ouverture d’une nouvelle médiathèque nommée en hommage à l’ancien maire Alain Gourioux. L’ancien couvent bénéficie d’une protection au titre des monuments historiques : ses façades et toitures sont inscrites par arrêté du 28 avril 1964, et l’arrêté d’inscription du 26 août 2024 remplace celui de 1964 en étendant la protection à la « grande » chapelle de 1900.