Origine et histoire
L’ancien couvent des Minimes, situé à Perpignan sur le flanc du Puig Sant Jaume dans l’ancien quartier juif près des remparts, est un édifice classé au titre des monuments historiques. Dédié à Sainte-Marie de la Victoire, il fut fondé à partir de 1573 par Pierre de Valdès grâce à des donations royales et privées et construit essentiellement en brique à partir de 1575. L’église, achevée dix ans après le début des travaux, présente une nef unique de cinq travées bordée de chapelles latérales et se termine par un chœur à sept pans. La nef est couverte d’une toiture charpentée portée par des arcs doubleaux diaphragmes tandis que le chœur est voûté sur nervures rayonnant à partir de la clé, qui porte un relief représentant la Vierge vêtue de la bure des Minimes. De petits passages relient les chapelles latérales, elles-mêmes couvertes de voûtes en croisée d’ogives. La façade sud-ouest s’ouvre par une porte en arc plein cintre montée dans un appareil de marbre blanc ; les fenêtres en arc brisé du chœur et les oculi de la nef sont aujourd’hui murés. Le cloître, commencé vers 1617, se développe au sud-est de l’église autour d’une cour quadrangulaire pavée sous laquelle se trouve une importante citerne dont l’aménagement est mentionné en 1638. Les quatre corps de bâtiment qui entourent la cour sont en brique ; deux galeries superposées ouvraient autrefois sur la cour par une suite d’arcs en plein cintre organisée par travée : un grand arc au rez-de-chaussée et deux petits arcs jumelés au premier étage. Les galeries du rez-de-chaussée sont couvertes de voûtes en pénétration, celles du premier étage sont charpentées, et les arcades ont été murées ou transformées en fenêtres depuis la Révolution. Certaines travées du rez-de-chaussée sont ornées de peintures murales disposées dans les lunettes des voûtes et accompagnées d’inscriptions ; ces peintures semblent illustrer la vie de saint François de Paule, de saint Antoine de Padoue et l’histoire de l’ordre des Minimes, et les portes d’accès aux galeries présentent un décor sculpté. Après le départ des pères Minimes à la Révolution, en 1791 l’administration militaire affecta les lieux aux offices de la Manutention et de l’Intendance ; les bâtiments furent ensuite transformés en caserne par l’armée jusqu’au XXe siècle, quand la ville de Perpignan en fit l’acquisition. Malgré ces différentes affectations, l’ensemble est aujourd’hui pratiquement intact et accueille de nombreuses expositions annuelles, ainsi que le festival de photojournalisme Visa pour l’Image en septembre. Des sondages archéologiques menés en 1991 puis en 1997 lors de travaux dans la cour ont mis en évidence plusieurs niveaux de sol attribués à la fin du XVIe siècle, des potences de puisage autour du puits central et un remplissage rapide au-dessus de la citerne. Un troisième sondage a montré deux marches traduisant le rehaussement des niveaux de sol dans la galerie et la cour et a confirmé un décaissement général du substrat à environ quatre mètres des murs de la galerie. Le mobilier recueilli est essentiellement composé de céramiques fragmentées — tessons de coupes vernissées brunes et assiettes en faïence — issues du comblement de la fosse d’implantation de la citerne, ce qui suggère l’usage de vaisselle commune. L’étude des fouilles confirme l’existence et l’organisation de la citerne sous la cour et son lien étroit avec la structure du cloître.