Origine et histoire
Le château de Marville est cité pour la première fois dans le testament du comte de Bar Thiébaut Ier (1189-1214), qui paraît en être le créateur. Il passe ensuite à la veuve de Thiébaut, la comtesse Ermesinde de Luxembourg, puis aux héritiers de son deuxième mari ; Waleran III de Montjoie-Faulquemont vend la seigneurie à Thiébaut II de Bar et au comte de Luxembourg Henri V le 1er avril 1270, qui deviennent coresponsables de la ville. L’enceinte urbaine est élevée en 1270 et renforcée jusqu’au XVIe siècle ; vers 1370 le bourg est entouré de fossés et de murailles où l’on relève la porte du Bourg à l’ouest, la poterne à l’est et les tours Chanteclerc, Leclerc et Gillon. Le château possède une chapelle dédiée à sainte Catherine, peut‑être fondée en 1262 par Catherine de Montjoie ou, selon d’autres hypothèses, à la fin du XVIe siècle par René II, duc de Lorraine. Aux XVIe et XVIIe siècles, l’enceinte n’est pas agrandie mais modernisée, comme l’atteste un dessin d’Israël Sylvestre ; à cette époque cinq portes donnent accès à la ville : la porte du Bourg, flanquée de deux tours, et les portes du Credon, de la Halle et du Bal au sud, ainsi que la poterne à l’est. Après la capitulation de Marville, alors co‑seigneurs Charles IV de Lorraine et Philippe IV d’Espagne, la poterne est la seule porte subsistante. En février 1655, les troupes françaises commandées par Claude Manimont occupent la ville et restaurent aussitôt l’enceinte. Marville devient définitivement française par les traités des Pyrénées et de Vincennes (1659 et 1661). En 1667 les habitants comblent encore les brèches causées par l’artillerie lors du siège de 1655. Louis XIV ordonne des réparations pour loger une compagnie d’infanterie, mais en 1672, au début de la guerre de Hollande, l’ordre est donné de démanteler la ville et de raser les fortifications modernes du château, sans doute pour prévenir une éventuelle occupation ennemie. Après les traités de paix de Nimègue (1678-1679), la situation reste inchangée et l’on continue à extraire des pierres de l’ancienne citadelle. La chapelle est signalée en ruines dès 1692. Le XIXe siècle voit disparaître les derniers vestiges des portes du Credon et du Bourg ; la maison actuelle résulte d’une surélévation de la courtine et comprend deux tours postérieures. L’empereur Guillaume II séjourne à Marville les 1er et 2 septembre 1914 lors de l’avancée de ses troupes.