Origine et histoire de l'ancienne porte fortifiée
La porte fortifiée de Vézénobres se situe rue de l'Horloge, sur la commune de Vézénobres dans le Gard, et a été inscrite au titre des monuments historiques en 1964. Le village, bâti en amphithéâtre sur le flanc d'une colline dominant la vallée du Gard, a été fortifié de bonne heure ; la mention d'un castrum dès 1050 concerne les ruines de l'ancien château du plateau supérieur. Les vestiges conservés permettent de situer la fortification du village au moins aux XIIe–XIIIe siècles : certains éléments — tracé des arcs, disposition défensive et appareil à bossages — suggèrent une datation au XIIIe siècle (ou à la fin du XIIe siècle), tandis que d'autres observations placent la construction au début du XIIe siècle. L’organisation défensive comprenait plusieurs portes échelonnées du pied de la colline jusqu'au sommet, des rues comportant des parcours souterrains et des accès principaux défendus par des portes. La porte protégée ici pourrait être celle dite de Bitarne ; on rencontre aussi, dans les sources locales, l’appellation porte de Sabran pour la porte de ville qui commandait la route d’Uzès et qui est la seule des cinq portes médiévales des remparts à avoir subsisté. L’ouvrage s’ouvre côté campagne par un arc extérieur en plein cintre, appuyé sur des piédroits ; cet arc est suivi d’un mâchicoulis puis de l’arc d’entrée, également en plein cintre. La voussure arrière résulte d’une reprise ; le tympan compris entre les deux arcs a été bâti puis percé d’une fenêtre, et une autre fenêtre, issue d’une retouche ancienne, éclaire l’étage supérieur. À une époque relativement récente — peut‑être à la fin du XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle — la porte a été surmontée d’un petit beffroi faisant office de tour de guet et d’horloge ; l’horloge primitive est exposée dans le petit musée jouxtant la tour, en face du presbytère protestant. En descendant la rue de l’Horloge et après avoir franchi la porte, on peut, en se retournant, voir un fragment des anciens remparts et du chemin de ronde. Le nom de Sabran renvoie à la Maison de Sabran, famille illustre du Languedoc présente dès le XIIe siècle dans le duché d’Uzès ; Guillaume I de Sabran suivit le comte de Toulouse à Jérusalem lors de la première croisade, en 1099, et la famille fournit de nombreux chevaliers et commandeurs à l’Ordre de Malte après l’admission de Claude de Sabran en 1531.