Canal du Midi : Bassin de Naurouze à Montferrand dans l'Aude

Patrimoine classé Patrimoine fluvial Canal du midi

Canal du Midi : Bassin de Naurouze

  • Sur le canal du Midi
  • 11320 Montferrand
Canal du Midi Bassin de Naurouze
Canal du Midi Bassin de Naurouze : Obélisque de Riquet
Crédit photo : Lucas Destrem - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

2e moitié XVIIe siècle

Patrimoine classé

Bassin de Naurouze (cad. E 256, 257, 278, 279) , bief de partage des eaux et obélisque dédié à P.-P. Riquet situé sur le canal du Midi (cad. non cadastré, domaine public) : inscription par arrêté du 15 octobre 1996

Origine et histoire du Bassin

Le canal du Midi, ancien canal royal de Languedoc, relie Toulouse à la mer Méditerranée et forme, avec le canal latéral à la Garonne, la liaison dite des « Deux‑Mers ». Conçu par l'ingénieur Pierre‑Paul Riquet d'après des plans communiqués à Colbert, il a été réalisé sous le règne de Louis XIV. Les travaux ont débuté en 1667 et, après plusieurs phases et rectifications, le canal a été achevé à la fin de 1682. L'ouvrage principal s'étend sur 241 kilomètres entre Toulouse et les Onglous à Marseillan ; s'y ajoutent un tronçon de 36,6 km entre Moussan et Port‑la‑Nouvelle et des rigoles d'alimentation d'environ 82 km. Le canal est un ouvrage à bief de partage dont le seuil le plus élevé est celui de Naurouze ; son versant Atlantique mesure 57 km et son versant méditerranéen 189 km. Riquet a résolu le défi majeur de l'alimentation en eau en captant les eaux de la montagne Noire grâce à un réseau de rigoles et de réservoirs, notamment Saint‑Ferréol, Lampy et le bassin de Naurouze. La rigole de la plaine et la rigole de la montagne acheminent les eaux collectées vers le seuil de Naurouze pour alimenter les deux versants du canal. Le barrage de Saint‑Ferréol et les autres retenues constituent des innovations techniques déterminantes pour la continuité d'eau de l'ouvrage. Le tracé et la conception ont été affinés pendant le chantier ; Riquet s'appuyait sur des mesures, des expérimentations et l'aide de techniciens comme François Andréossy, Pierre Campmas et Hector Boutheroue. La construction mobilisa une main d'œuvre nombreuse et organisée en ateliers, sans recours systématique à la corvée, et proposa des conditions de travail et de paie attractives pour l'époque. Parmi les réalisations majeures figurent le tunnel de Malpas, l'écluse ronde d'Agde, l'escalier de Fonseranes et de nombreux ponts‑canaux et aqueducs. Dès son ouverture, le canal transforma le transport régional en facilitant l'acheminement du blé, du vin et d'autres marchandises ainsi que le transport des personnes et du courrier. Des améliorations entreprises après l'ouverture, notamment sous la direction de Vauban, ont cherché à limiter l'ensablement et à renforcer l'alimentation en eau. Le canal fut d'abord exploité par la famille Riquet, puis par des compagnies ; il a été racheté par l'État et est aujourd'hui géré par Voies navigables de France. Le domaine public fluvial conserve un statut juridique particulier fixé par la référence au fief concédé à Riquet et par des procès‑verbaux anciens. Longtemps voie marchande essentielle, le canal a vu son trafic décliner face à la concurrence du chemin de fer et de la route et a perdu l'essentiel du trafic commercial à la fin du XXe siècle. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, il est principalement fréquenté par la plaisance et le tourisme fluvial, avec des retombées économiques et des emplois locaux. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1996, le canal et son système d'alimentation sont protégés et font l'objet d'un plan de gestion approuvé et d'une gouvernance partenariale impliquant l'État, les collectivités et le gestionnaire. Le périmètre inscrit couvre plusieurs départements et communes et est protégé par des sites classés visant à préserver la rigole de la montagne Noire, la rigole de la plaine, le domaine public fluvial et les paysages du canal. L'entretien reste exigeant en raison de l'ensablement, des apports alluvionnaires et de la végétation, et nécessite des travaux réguliers de curage et de restauration des ouvrages. L'alignement d'arbres qui caractérise le canal, principalement des platanes plantés sous l'Empire, est aujourd'hui menacé par le chancre coloré, ce qui impose des abattages et des replantations par d'autres essences. Le système d'alimentation actuel associe les rigoles originelles et des barrages modernes pour sécuriser l'approvisionnement, en particulier en période sèche. Le canal comporte, pour la partie Midi, près de 328 ouvrages et, au total pour le canal des Deux‑Mers, environ 400 ouvrages d'art, dont 63 écluses, de nombreux ponts et aqueducs. La forme et la taille des écluses, souvent arrondies pour mieux résister aux poussées latérales, témoignent des solutions techniques imaginées par Riquet ; la plupart sont aujourd'hui électrifiées. Outre la navigation, le canal sert d'outil d'irrigation et d'approvisionnement en eau potable pour de nombreuses communes et demeure une référence dans l'histoire de l'ingénierie hydraulique et du paysage culturel.

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