Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile à Blomac dans l'Aude

Patrimoine classé Patrimoine fluvial Ecluse Canal du midi

Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile

  • Sur le canal du Midi
  • 11700 Blomac
Canal du Midi Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Canal du Midi : Écluse triple de Fontfile
Crédit photo : Tournasol7 - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

2e moitié XVIIe siècle

Patrimoine classé

Ecluse triple de Fontfile (cad. non cadastré, domaine public fluvial) : inscription par arrêté du 19 septembre 1996

Origine et histoire de l'Écluse triple

Le canal du Midi, d'abord nommé canal royal de Languedoc puis rebaptisé canal du Midi en 1789, relie Toulouse à la Méditerranée et, avec le canal latéral à la Garonne, constitue la liaison dite « canal des Deux‑Mers ». Conçu par Pierre‑Paul Riquet et réalisé sous le règne de Louis XIV à partir de plans transmis à Colbert en 1662, les travaux commencent en 1667, s'achèvent fin 1682 et le canal est ouvert à la navigation en mai 1683. Ouvrage d'art exceptionnel et grand chantier du XVIIe siècle, il transforme les communications et le transport fluvial dans le Midi de la France. Le bien inscrit au patrimoine mondial couvre plusieurs tronçons : le parcours principal de Toulouse aux Onglous près de Marseillan sur environ 241 km, un embranchement vers Port‑la‑Nouvelle, les rigoles d'alimentation issues de la montagne Noire, le canal de Brienne à Toulouse et un court raccord à Agde. Il s'agit d'un canal à bief de partage dont le point le plus élevé est le seuil de Naurouze ; les deux versants mesurent respectivement environ 57 km vers l'Atlantique et 189 km vers la Méditerranée, la profondeur moyenne étant d'environ 2 m et la largeur au miroir variant de 16 à 20 m. Le principal défi technique relevé par Riquet a été d'assurer l'alimentation en eau du seuil de Naurouze en captant les eaux de la montagne Noire et en construisant un réseau de rigoles et de réservoirs, parmi lesquels Saint‑Ferréol, Lampy et le bassin de Naurouze. Pour garantir l'apport en saison sèche, il met en œuvre deux grandes rigoles et des barrages‑réservoirs qui collectent les eaux du Sor, du Laudot et d'autres ruisseaux afin d'alimenter le canal. Des travaux complémentaires conduits sous l'autorité de Vauban et d'Antoine Niquet renforcent les barrages, prolongent les rigoles et ajoutent aqueducs et ouvrages maçonnés pour limiter l'ensablement et mieux gérer les apports. Le creusement et l'organisation du chantier mobilisent jusqu'à 12 000 ouvriers répartis en ateliers ; Riquet adopte des pratiques de rémunération et des conditions de travail relativement favorables pour l'époque. Le financement repose sur une combinaison de ressources royales, provinciales et privées : le roi, la province et Riquet contribuent au coût de l'ouvrage, Riquet obtenant la propriété et l'exploitation du canal en fief. Le canal comprend un grand nombre d'ouvrages d'art — écluses dont l'escalier de Fonseranes, l'écluse ronde d'Agde, ponts, aqueducs, ponts‑canaux, barrages, épanchoirs et le tunnel de Malpas — et les écluses présentent une architecture arrondie avec des bajoyers épais; leur gabarit et leurs dispositifs ont été modifiés au fil du temps, beaucoup étant aujourd'hui électrifiés. Longtemps voie majeure pour le transport de blé, de vin, d'autres marchandises, ainsi que pour les voyageurs et le courrier, le canal connaît son apogée au XIXe siècle avant de décliner face à la concurrence du chemin de fer et de la route ; la batellerie commerciale disparaît progressivement au XXe siècle. Aujourd'hui le canal est principalement consacré au tourisme fluvial et aux loisirs — location de bateaux, promenades, événements culturels et activités de pleine nature — générant des retombées économiques et de l'emploi local. Il conserve par ailleurs une fonction hydrologique importante : il alimente des systèmes d'irrigation, sert de réservoir pour l'agriculture et participe à l'approvisionnement en eau potable via des stations et des barrages liés au système d'alimentation. Sa gestion a évolué : exploitée par la famille Riquet puis par des compagnies, rachetée par l'État en 1897, elle est confiée depuis 1991 à Voies navigables de France, direction territoriale Sud‑Ouest. Le statut juridique du canal est particulier : le domaine public et ses limites sont fixés par référence au fief concédé à Riquet et par des procès‑verbaux anciens, tandis que les règles d'entretien impliquent l'État, les communes et parfois les riverains. L'entretien reste une contrainte permanente en raison de l'ensablement, de la végétation, des dégâts dus aux intempéries et de la maladie des arbres ; les opérations de dragage, d'abattage et de réparation sont désormais mécanisées et assurées par VNF. Les alignements d'arbres, longtemps constitués surtout de platanes, font partie du paysage caractéristique mais sont depuis les années 2000 affectés par le chancre coloré, ce qui impose des abattages et des replantations avec d'autres essences adaptées. Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1996 avec son système d'alimentation, le canal répond à des critères de valeur technique, paysagère et culturelle ; un plan de gestion approuvé en 2021 définit des objectifs et actions pour sa préservation. La protection du bien s'appuie également sur plusieurs périmètres classés et arrêtés ministériels qui protègent la rigole de la montagne Noire, la rigole de la plaine, le domaine public fluvial et les paysages du canal. La gouvernance actuelle s'appuie sur des instances partenariales — comité de bien co‑présidé par l'État, VNF et la région Occitanie, et une Entente réunissant les collectivités — chargées de coordonner la préservation et la valorisation du canal. Le canal du Midi demeure un modèle d'ingénierie hydraulique du XVIIe siècle, reconnu pour son audace technique et son paysage culturel, et continue de conjuguer enjeux patrimoniaux, usage touristique et gestion environnementale.

Liens externes