Canal du Midi : Lac de Saint-Ferréol à Revel en Haute-Garonne

Patrimoine classé Patrimoine fluvial Canal du midi

Canal du Midi : Lac de Saint-Ferréol

  • Lac de Saint-Ferréol
  • 31250 Revel
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Patrimoine classé

Voir commune de : Revel

Origine et histoire du Lac de Saint-Ferréol

Le barrage de Saint‑Ferréol, principal réservoir alimentant le canal du Midi, a été édifié à partir de 1667 sur le Laudot dans la Montagne Noire, entre les départements de la Haute‑Garonne, du Tarn et de l'Aude. Les travaux de nivellement de l'emprise débutent en janvier 1667 et la première pierre est posée le 18 avril 1667 lors d'une cérémonie présidée par l'archevêque de Toulouse. Les premiers ouvrages réalisés sont la voûte de vidange et, en 1670, l'ensemble des voûtes est achevé ; en 1671 sont élevés les trois murs successifs prévus par Riquet, en granite extrait localement. Pour augmenter la capacité du réservoir, Vauban fait rehausser la grande « muraille » en 1686 ; le troisième mur est alors reculé vers l'aval et les voûtes ainsi que le talus sont prolongés en conséquence. La mise en eau définitive intervient en 1694 ; vers 1700, le transport des robinets rend inutile la voûte du Tambour, qui est alors noyée. La voûte de la chambre des vannes est reconstruite en 1834 et les grilles qui ferment les voûtes datent du début du XIXe siècle. Divers aménagements de régulation et d'alimentation, abrités dans de petites constructions sur la digue — épanchoir de surface, pelle ou vanne — pourraient avoir été réalisés par Vauban ; en 1743 les ouvertures de l'épanchoir sont refaites en pierre de taille et en 1759 une couverture en charpente est prévue sur certains empellements. L'épanchoir du trop‑plein est reconstruit en 1816 ; à partir de 1836, l'épanchoir de La Badorque est remplacé par une vanne basse située 12 mètres plus bas, permettant une plus grande chute pour l'alimentation du canal et le jet d'eau dans le parc. Après 1840, un nouveau mur d'empattement, destiné à contrer les effets des vagues, complète le premier mur amont. Les travaux d'origine ont profondément modifié l'aval de la digue qui reste longtemps dénudé par l'apport de terres rapportées ; un dessin d'Antoine de Niquet autour de 1700 propose des plantations au revers de la digue pour retenir les terres. Aux dernières décennies du XVIIIe siècle, l'étanchéité du barrage devient une préoccupation majeure : la qualité médiocre du granite local provoque des filtrations qui compromettent la tenue du talus et imposent des remblaiements et une végétalisation coûteux et jamais totalement assurés. Pour remédier de façon durable à ce problème, l'administration propriétaire envisage en 2005 la construction d'un mur étanche implanté de manière invisible derrière le grand mur du XVIIe siècle, sous le terrassement ; cette mesure a cependant pour effet d'assécher le talus et de mettre en péril les plantations en aval. Le lac de Saint‑Ferréol, augmenté par la rigole de la Montagne et la percée des Cammazes, constitue le principal réservoir d'alimentation du canal du Midi. Le plan d'eau et le barrage ont été, pendant plus de deux cents ans, le plus grand barrage‑poids du monde connu. Le site est construit comme un barrage‑poids remarquable par sa composition : trois murs en granite taillé séparés par un espace de 60 mètres rempli de débris rocheux et d'argile, dispositif portant l'épaisseur à la base de la digue à 149 m. Les hauteurs et épaisseurs des parois sont importantes : murs amont et aval présentent 29,25 m de hauteur pour 3,90 m et 2,80 m d'épaisseur respectivement, tandis que le mur central s'étend sur 871 m pour 35 m de hauteur et 10 m d'épaisseur. Trois galeries souterraines constamment immergées assurent l'écoulement des eaux ; une quatrième galerie longue de 130 m donne accès à la salle des robinets de sortie, chaque robinet à boisseau ouvrant une vanne qui assure un débit de 600 l/s, soit 58 000 m3 par jour pour chacune. Une rigole de contournement creusée au sud du bassin permet d'évacuer le surplus d'eau vers le Laudot. Le barrage et ses abords accueillent un musée consacré à l'histoire de la construction du canal du Midi et offrent des activités de pêche, de baignade et de voile. Le site a également connu des projets d'aménagement touristique et a servi de lieu de tournage, notamment pour L'Enfer (1994) et une scène nocturne du Miracle des loups (1961). Inscrit au titre des monuments historiques depuis 1997, le barrage de Saint‑Ferréol fait partie des grands sites de Midi‑Pyrénées.

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