Origine et histoire du Château des duc d'Alençon
Le château des ducs d'Alençon, centre du comté puis du duché d'Alençon, est un ancien château fort dont les vestiges se dressent sur la commune d'Alençon, dans l'Orne, en Normandie. Le premier château, totalement disparu, avait été édifié au IXe siècle et confié à la famille de Bellême. Il subit plusieurs sièges au cours du Moyen Âge, notamment sous Robert Ier, qui réaffirma l'autorité ducale après la rébellion de Guillaume de Bellême, et lors du siège mené vers 1050 par Guillaume le Bâtard contre les partisans de Geoffroy Martel. En 1113, Henri Ier fit élever un grand donjon roman carré, auquel s'ajoutèrent des aménagements ultérieurs. À l'extinction des Bellême, le château et le comté furent rattachés au domaine royal ; Saint Louis les donna à son fils Pierre, qui prit le titre de duc d'Alençon, puis l'apanage passa à Charles de Valois. Jean Ier, comte puis duc d'Alençon, fit édifier vers 1400 un second château autour du donjon roman, dont les descendants ducs conservèrent la possession jusqu'à la mort de Charles IV en 1525. Parmi eux, Jean II fut compagnon de Jeanne d'Arc et la veuve de Charles IV, Marguerite de Valois-Angoulême, accueillit au château une cour de poètes où figura Clément Marot. En 1592, sur ordre d'Henri IV, l'essentiel de la forteresse fut détruit, ne laissant que le donjon et le pavillon d'entrée, et les ducs cessèrent de l'habiter pour s'installer à l'hôtel de Guise. Au XVIIIe siècle, des pierres du donjon servirent à la reconstruction de l'église Notre-Dame et, après des aménagements contestés, le donjon fut détruit en 1782 ; il ne subsistait alors que le pavillon d'entrée. L'édifice accueillit ensuite une maison d'arrêt à partir de 1804, ce qui entraîna d'importants travaux intérieurs et la création d'enceintes pour les cours de promenade ; la prison resta en activité jusqu'à son transfert en 2010. Les restes de l'ancien château sont classés au titre des monuments historiques depuis la liste de 1862. Situé dans le centre-ville, sur la rive gauche de la Briante, le château contrôlait la frontière sud du duché de Normandie et l'accès aux plaines de la Normandie moyenne. De l'ancienne forteresse il subsiste aujourd'hui la Tour couronnée, un bâtiment du XIVe siècle à deux étages et à flanquement circulaire d'environ 12 mètres de diamètre à la base, le corps de logis attenant et le châtelet d'entrée flanqué de deux tours rondes jumelles, couronnées de mâchicoulis au XVe siècle. Le châtelet, par l'alliance de ses deux tours, évoque la grandeur de l'ancien château, tandis que la Tour couronnée présente une composition de deux volumes superposés, l'un plus étroit surmontant l'autre, et est dotée d'un parapet crénelé muni de mâchicoulis. Avant sa mutilation, la forteresse formait une enceinte englobant deux îles de la Briante et comportait de nombreuses grosses tours, dont plusieurs semi-cylindriques — la tour du Chevalier, la tour Giroie et la tour salée qui servait de magasin à sel — ainsi que des fossés aujourd'hui comblés. Le vaste parc associé au château, qui s'étendait autrefois jusqu'à la forêt d'Écouves, est réduit aujourd'hui au parc des Promenades, d'environ quatre hectares, et l'emplacement de la barbacane correspond au square de la Sicotière. En 2018 la ville d'Alençon a racheté le site à l'État et a engagé en 2019 des travaux d'aménagement pour rendre accessible le château et créer un parc urbain.
