Origine et histoire du Château d'Ingrandes
Le château d'Ingrandes, situé dans le bourg d'Ingrandes (Indre) à 7 km à l'ouest du Blanc, occupe un site fortifié implanté sur un ancien castrum romain commandant la voie de Bourges à Poitiers. Le plan du château, repris ou reconstruit aux XIVe et XVe siècles, est caractéristique des enceintes géométriques : quatre tours d'angle reliées par des courtines, un donjon intégré au dispositif défensif et des bâtiments d'habitation et de service adossés aux murs. Une partie de l'enceinte et la majeure partie des communs ont été détruites ; la tour nord a disparu et les autres tours ainsi que le donjon ne conservent que leurs murs, tronqués pour partie. Dans son ensemble, les vestiges qui subsistent datent principalement du XVe siècle ; des éléments de charpente du donjon et des communs et un hourd de la tour sud-est ont été datés par dendrochronologie autour de 1465, ce qui indique qu’ils remplacent probablement des constructions antérieures. Peu après la construction médiévale, des meurtrières ont été modifiées pour l'emploi d'armes à feu, et aux XVIIe et XIXe siècles certaines ouvertures ont été élargies ou percées ; le bâtiment qui surmonte le cellier et plusieurs dépendances rurales ont été édifiés au XIXe siècle contre le vestige du mur nord de l'enceinte. Une description précise du site avait été rédigée en 1714.
Sur le plan historique, le château a subi de multiples changements de propriétaires et d’usage : il aurait été conquis par Henri IV lors des guerres contre la Ligue et donné au seigneur du Blanc, Antoine d'Aloigny ; Marie-Henriette d'Aloigny y fit édifier un logis de style XVIIe siècle et l'église du village en 1698. Mis en vente en 1734 pour raisons financières, l'ensemble des châteaux du marquisat du Blanc fut acquis en 1739 par Claude Dupin, fermier général et grand-père de George Sand ; la propriété resta dans la famille Dupin jusqu'au début du XXe siècle, puis fut exploitée comme ferme par la famille Combescure à partir de 1923 jusque dans les années 1970. Les ruines ont été achetées en 1982 par Alain et Jacqueline Drouart, qui ont engagé depuis plus de trente-cinq ans des travaux de restauration ; le château a été inscrit au titre des monuments historiques en 1987, protection étendue en 2020. Le logis du XVe siècle a été restauré en 1992, le donjon de quatre niveaux sauvegardé en 1995, un hourd en bois a été reconstitué sur une tour d'enceinte en 2005 à partir d’éléments datés de 1465, et une nouvelle toiture a été posée en 2008 pour protéger la tour d'escalier du logis principal ; les travaux de sauvegarde se poursuivent.
L’architecture visible aujourd’hui comprend plusieurs murs de l’enceinte avec courtines et tours, l’ovale donjon, l’ancienne tour d’escalier et la partie ancienne du logis datée du XVe siècle, enrichie d’un logis construit au XVIIe siècle et rehaussé au XIXe siècle. Le plan est représentatif de l’architecture philippienne avec un donjon circulaire et des tours d’angle reliées par des courtines, ainsi qu’une tour d’escalier centrale desservant les niveaux du logis.
Le château est ouvert au public en été et reçoit de nombreux visiteurs lors de manifestations. Cinq chambres d'hôtes aménagées dans les vestiges, classées 4 épis Gîtes de France, permettent l’accueil des visiteurs ; le domaine propose une piscine privée, un espace pique-nique, une rivière, un bateau et des vélos. En 2023, en souvenir de Jacqueline et Alain Drouart, le château a été ouvert au public tous les jours sauf le mardi du samedi 17 juin au dimanche 27 août puis le 18 septembre, les matinées étant réservées aux visites libres extérieures et les après‑midis aux visites guidées extérieures et intérieures.
La situation géographique d'Ingrandes place le château à la frontière entre le Poitou et le Berry, près du parc naturel régional de la Brenne. La région, riche en monuments historiques, offre à proximité l'abbaye de Saint‑Savin en Vienne et l'abbaye de Fontgombault, ainsi que le château de Forges ; Ingrandes abrite également le musée Henry‑de‑Monfreid et une maison de l'apiculture.
