Origine et histoire
Le château de Pieusse, situé sur la commune de Pieusse près de Limoux (Aude), est une propriété privée et n’est pas ouvert au public. Le castrum de Pieusse est mentionné dès 1119 ; il était le siège d’une baronnie comprenant Alaigne et Routier, et la seigneurie relevait de l’archevêque de Narbonne, détenteur de la haute, moyenne et basse justice. En 1229, sur ordre de Saint-Louis, Guy de Lévis assigne Pieusse aux archevêques de Narbonne, qui en conservent la seigneurie jusqu’à la Révolution. Vendu comme bien national en 1791, le château devint d’abord une simple habitation puis une dépendance agricole. Selon un autre récit, le château aurait été édifié vers 1140–1145 par les comtes de Foix sous le règne de Louis VII. D’après un document de l’Inquisition, il aurait accueilli en 1225 un concile cathare rassemblant une centaine de parfaits présidés par Guilhabert de Castres, au cours duquel fut décidée la création de l’évêché du Razès et Benoît de Termes y aurait été ordonné évêque. De 1764 à 1790, le château dépendait de monseigneur Dillon, archevêque de Narbonne et dernier président des États généraux du Languedoc. L’ensemble se présente sur un plan rectangulaire, avec deux étages au‑dessus d’un rez‑de‑chaussée et un étage de comble ; la cage d’escalier, logée dans l’angle sud‑est, s’est effondrée en 1987. Le pignon ouest était éclairé, aux étages supérieurs, par deux baies géminées avec coussiège ; la façade nord, munie d’une porte haute au niveau du premier étage, s’ouvre à l’étage noble et à l’étage de comble par trois baies géminées à arcs plein cintre et colonnettes à chapiteau. L’intérieur conserve un plafond à solives dont les baguettes de couvre‑joints sont décorées de dents de scie blanches sur fond noir ; l’ensemble du plafond est peint en noir et, au sud, repose sur une sablière de plancher portée par des corbeaux. L’ébrasement intérieur d’une fenêtre nord porte des traces de graffiti. Le deuxième étage était à l’origine une grande salle unique couverte par un plafond à solives peint : le décor alterne, d’une solive à l’autre, des rangs continus et discontinus de quadrilobes, eux‑mêmes alternant avec des panneaux végétaux, sur un fond brun‑rouge ; les couleurs dominantes sont le bleu cendré, le rouge diapré, le blanc et le jaune, et le plafond est orné d’étoiles stylisées alternant avec des écus aujourd’hui entièrement délavés. Cette peinture pourrait appartenir au XIIIe siècle. La muraille nord est encore lisible et le donjon, massif et allongé, témoigne de la vocation essentiellement défensive de l’ensemble ; au premier étage du donjon se trouvent deux baies en cintre géminé aux chapiteaux sculptés et aux coussièges en pierre bien conservés, qui dominaient la vallée de l’Aude et le Razès, et une autre baie géminée plus simple est visible au deuxième étage. La cour renferme un puits susceptible d’alimenter le village en cas de siège, et des recherches ont été menées dans ce puits pour tenter de retrouver un trésor éventuellement laissé par monseigneur Dillon à la Révolution. L’ensemble du château a été classé au titre des monuments historiques le 14 février 1989.