Origine et histoire du Château Boulard
Le château Boulart est une demeure privée de Biarritz, située à 63 mètres d’altitude, qui conserve l’essentiel des caractéristiques architecturales et décoratives de sa construction d’origine. Conçu dans un style éclectique par Joseph Louis Duc, il mêle motifs de la Renaissance et influences méditerranéennes ; les travaux furent poursuivis et achevés par son collaborateur François Roux. L’habitation s’organise autour d’un patio central à huit colonnes et vasque ; une tour ronde coiffée d’un dôme occupe un angle de la façade nord, une tour carrée puis octogonale s’élève à l’est, et une terrasse à colonnes jumelées s’ouvre au sud ; mascarons, corniche à modillons et toit d’ardoises percé de lucarnes à coquilles complètent l’ornementation. Les façades et la toiture ont été inscrites à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 29 octobre 1975.
Pendant sa construction, l’édifice porta plusieurs noms : Villa à Biarritz selon les architectes, villa Boulart du nom du maître d’ouvrage, villa Belle Fontaine pour la famille, et Folie Boulart dans la toponymie locale. Charles Boulart, qui acquit en 1872 un terrain de cinq hectares à Biarritz, était issu d’une famille landaise, docteur en droit, maître de forges, grand propriétaire forestier et homme politique local, élu député de 1876 à 1881 ; il avait épousé en 1865 Marthe Darricau, issue d’une famille bordelaise proche de la cour impériale.
Joseph Louis Duc, architecte du Palais de Justice à Paris et lauréat du Grand Prix de Rome, signa la conception ; à sa mort en 1879, François Roux prit la suite des travaux jusqu’en 1881. La famille Boulart s’installe généralement vers 1883 ; après le décès de Charles en 1891, Marthe met la propriété en location. Parmi les occupants successifs figurent l’historien anglais J. E. Courtenay Bodley (1902–1904), l’industriel américain John G. A. Leishman (1905), Mme Amory Moore (1908) puis L. R. Wanamaker, qui occupe le château de 1915 à 1924, le met en 1917 à la disposition de la Croix‑Rouge américaine et en devient propriétaire en 1919. En 1930, l’institution Notre‑Dame de Sion ouvre un collège puis un pensionnat et un collège mixte, usages qui perdurent jusqu’à la vente de l’établissement en 1974. Le domaine initial a été morcelé et le parc réduit ; le château a été acquis par Pierre et Brigitte Delalonde à la fin de 2015.
L’architecture intérieure témoigne d’une mise en scène soignée : plan carré animé par saillies, balcons et loggias, belvédère octogonal, porche et grand escalier à double révolution bordé d’une rampe en fer forgé, ainsi qu’une coupole éclairée par paires de vitraux. Les décors et matériaux d’origine — marbres variés, mosaïques, vitraux signés Eugène Oudinot de la Faverie, peintures décoratives — ont été préservés ou retrouvés et font l’objet d’inventaires et d’études. Après leur acquisition en novembre 2016, les propriétaires ont engagé une restauration minutieuse visant à restituer l’état d’origine : dégagement de sculptures et cartouches, restauration des mosaïques et des vitraux, remise en état de la toiture et de la rampe du grand escalier, reprise des parquets en marqueterie, etc. Les plans et descriptions publiés par François Roux dans l’Encyclopédie d’Architecture ainsi que des archives privées constituent des sources documentaires majeures pour la connaissance et la restauration du château.