Origine et histoire du Château Burrus
L'ancien château Burrus, situé au 74 rue Maurice-Burrus à Sainte-Croix-aux-Mines (Haut-Rhin), est une demeure de style néo-baroque édifiée en 1900 pour Jules Burrus et sa femme Hermance Hélabert, propriétaires de l'usine de tabac voisine de l'église Saint-Nicolas. Les architectes en charge du projet sont Jules Berninger et Gustave Krafft, noms transmis par un descendant des constructeurs ; ces deux Alsaciens ont étudié à Stuttgart et à l'École des Beaux-Arts de Paris. La porte cochère porte les initiales J. B. de Jules Burrus, la grille signale le serrurier Léon Feist de Strasbourg et les urnes posées sur les piédroits proviennent de la fonderie du Val d'Osne. Une liste d'entrepreneurs et d'artisans associe notamment Camissar aux vitraux, Riegger à la sculpture, L. Feist à la ferronnerie et Ehrard-Friesé au mobilier de la salle à manger. Le rez-de-chaussée comprend huit pièces et un vaste hall central orné de colonnes d'ordres ionique et corinthien et de faux marbres jaunes ; ce hall distribue les pièces et dessert les étages. La salle dite « verte » est agrandie par des portes-miroirs et coiffée d'un plafond peint évoquant un ciel nuageux. La « salle rouge » se distingue par ses deux colonnes en faux marbre rouge, des dorures au cuivre et des murs partiellement couverts de tapisseries de soie satinée rouge. La salle en bois est intégralement traitée en bois du sol au plafond, avec une partie de mur recouverte d'une tapisserie en carton repoussé ; un meuble de style Renaissance y occupe une place importante. Maurice Burrus, fils des commanditaires, fut député du Haut-Rhin et reprit l'activité familiale jusqu'à la fermeture de l'usine en 1947, alors que l'État instaura le monopole sur le tabac. Durant la Seconde Guerre mondiale, le château fut réquisitionné et transformé en centre de formation pour officiers SS. Après la mort de Maurice Burrus en 1959, la villa fut vendue à une congrégation religieuse, puis à des propriétaires privés ; elle a connu une période de non-entretien et des actes de vandalisme au cours des années 1990. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1993. Il a été racheté en 2021 par des personnes privées et fait l'objet de travaux de rénovation.
