Origine et histoire
Le château de Dampierre, situé à 500 mètres au sud‑est du bourg de Dampierre (commune nouvelle de Val-de-Drôme, Calvados), est une demeure des XVIIe–XIXe siècles. Il forme, avec sa porterie et son colombier, un ensemble architectural du début du XVIIe siècle, original par l'association de matériaux colorés — pierre, brique, granit — et par une architecture maniériste d'inspiration italienne. La porterie et le colombier, placés à l'est du château en bordure de la cour dite du fer à cheval, sont probablement l'œuvre de l'architecte François Gabriel, comme l'atteste une procuration du 19 juillet 1610 devant les tabellions de Torigni ; ils étaient autrefois reliés au corps de logis par des bâtiments dont subsistent les substructions. Conçue comme une fabrique de jardin décorative, la porterie comprenait une porte charretière et deux portes piétonnes délimitant trois travées surmontées de lucarnes et était à l'origine encadrée de deux ailes ; son appareil alterne la pierre rouge de Troisgots et le calcaire de Caen, rappelant des dispositions observées sur d'autres chantiers attribués à Gabriel. Le colombier présente des lits alternés de brique et de grès rouge, se termine par une corniche à modillons et a conservé l'ensemble de ses boulins ; sa toiture en dôme avec lanternon, portée par une charpente rayonnante sur pilier central, s'est effondrée après la Seconde Guerre mondiale et a été restituée. L'histoire de la seigneurie remonte au XIVe siècle avec Hébert Thésard et la famille de Dampierre ; au début du XVIe siècle la propriété passe par alliance aux Longaunay. Hervé IV de Longaunay rebâtit le château en remplacement d'une construction médiévale dont il aurait conservé les douves et les bases des tours ; il mourut en 1590 à la bataille d'Ivry alors qu'il était lieutenant général du roi. Son fils Jean de Longaunay rejoignit la Ligue et, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le fief fut érigé en marquisat. Pendant la Révolution le logis principal ainsi que les communs situés au sud et au nord de la cour furent détruits. Au XIXe siècle le domaine appartient au marquis de Briges ; à la mort de Marie‑Barbe de Briges‑Longaunay en 1891, il échoit à François Doynel de Sausserie, qui le démembrera entre 1924 et 1927. Le château a été profondément remanié au début du XIXe siècle, avec la reconstruction du pavillon central et le remplacement du pont‑levier par un pont de pierre en 1810, puis transformé à nouveau dans les années 1970 ; au sud un nouveau logis est bâti avec un pont daté de 1850 et de nouvelles fenêtres sont percées dans les tours. La façade est est flanquée de deux tours en calcaire et brique, remaniées lors de la réédification par Hervé de Longaunay tout en conservant les bases et le glacis médiévaux ; ces tours, flanquées de contreforts, sont coiffées en dôme ou en casque, surmontées d'échauguettes, et une lucarne en brique éclaire une salle haute. Le château et ses dépendances ainsi que leurs accès sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 14 décembre 1928 ; la porterie et le colombier sont classés par arrêté du 26 septembre 2000.