Patrimoine classé
Château, à l'exception des parties classées : inscription par arrêté du 17 avril 1926 - Façades et toitures du château : classement par arrêté du 17 septembre 1946 - Façades et toitures des communs : inscription par arrêté du 6 août 1951 - Ensemble du domaine (bâti et non bâti) , y compris le réseau hydraulique, à savoir : le parc en totalité, sols et plantations, y compris les murs et portails, canaux, rivière, ponts et vannages et l'enclos du cimetière, ainsi que les terres et prairies jouxtant le château au sud et à l'ouest ; les façades et toitures du commun nord et de la ferme du château ; le bâtiment de l'orangerie, en totalité ; le bras canalisé de l'Iton depuis son origine, vannage des Portelles au lieu-dit les Planches, jusqu'au pont situé dans l'axe de l'avenue de l'église (cad. AC 199 à 201, 49 à 52, 167, 168, 63 à 65, 30 ; ZD 150 à 154 ; ZE 126) : inscription par arrêté du 20 août 1993.
Personnages clés
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| Anne de Laval |
Propriétaire du château au XVIe siècle, à l'origine de sa construction. |
| Charles Thibault |
Architecte responsable des agrandissements et transformations du domaine au XVIIIe siècle. |
| Félix Duban |
Architecte ayant réalisé des aménagements intérieurs au XIXe siècle. |
| Président d'Acquigny |
Propriétaire ayant engagé des transformations majeures du domaine au XVIIIe siècle. |
Origine et histoire du Château d'Acquigny
Le domaine d'Acquigny se situe en fond de vallée entre l'Eure et l'Iton, sur la commune d'Acquigny, dans l'Eure, en Normandie. Fortifié depuis le haut Moyen Âge pour contrôler la navigation sur l'Eure, le site fut l'enjeu de conflits pendant la guerre de Cent Ans. Un premier château fort, attesté pour la famille de Tosny en 1035, fut rasé en 1378. Le château actuel a été édifié entre 1557 et 1572 pour Anne de Laval et présente un plan original centré sur une tourelle d'angle à loggias superposées reposant sur une trompe en forme de coquille Saint-Jacques. La façade d'honneur est richement décorée et ornée des initiales entrelacées A.L.L.S. voulues par Anne de Laval. Au XVIIe siècle puis surtout à partir de 1745 pour le président d'Acquigny, l'ensemble bâti et paysager a été agrandi et transformé par l'architecte Charles Thibault, qui ajouta notamment des pavillons aux ailes, une orangerie, la chapelle Saint-Mauxe, les écuries et le « Petit Château » destiné à un ermitage. L'ensemble construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle est homogène, marqué par l'emploi quasi exclusif de brique orangée. Le parc, d'origine régulière au XVIIIe siècle, a été remanié après 1823 avec la création d'une rivière sinueuse complétant le réseau de canaux rectilignes, la construction de cascades, de ponts de rochers et l'introduction de nouvelles essences. Les douves ont été comblées entre 1845 et 1860 et le cimetière déplacé à son emplacement actuel. Le domaine comprend, outre le château, des communs au nord et à l'ouest d'une vaste cour, une église prolongée au sud-ouest par l'orangerie, le Petit Château accolé au chevet, et un parc traversé par un réseau de canaux alimentant deux miroirs d'eau et un grand canal. Le Petit Château, sobre et harmonieux, permettait au président d'Acquigny d'assister aux offices depuis son logement et joue sur le contraste des matériaux — brique, pierre et ardoise — pour son équilibre. Le parc paysager dessiné vers 1820 alterne pelouses, bosquets, rhododendrons et plans d'eau pour mettre en valeur le château et la vallée ; ses plantations regroupent une grande diversité d'essences, des platanes et sophoras aux séquoias, cyprès chauves et cèdres. Du parc régulier du XVIIIe siècle subsistent autour du potager les tracés des plans d'eau perpendiculaires, tandis que les alignements et parterres symétriques ont laissé la place à de puissants arbres aux formes plus libres. Le jardin potager, clos de hauts murs de briques produites sur le domaine et bordé de canaux, permet la culture de pêchers, figuiers et autres espèces méridionales ; il comprend haies de petits fruits, plates-bandes de fleurs et légumes, une collection de cucurbitacées et des jardins de plantes condimentaires et médicinales organisées selon leurs usages traditionnels. Parmi les fruitiers palissés, un poirier remarquable à trente-deux branches est signalé comme arbre remarquable de France. L'orangerie, conçue vers 1746 par Charles Thibault, abrite une collection d'agrumes, de palmiers et de plantes méditerranéennes ; elle sert aussi d'espace d'exposition, de concert et de réception et s'accompagne de plantations méditerranéennes le long de la façade. Au XIXe siècle, Félix Duban fit des aménagements intérieurs et une partie du décor Renaissance démontée se trouve aujourd'hui dispersée dans des musées, notamment à Lyon et à Waddesdon Manor. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux de remise en état furent entrepris et, à partir des années 1980, la famille d'Esneval engagea de larges restaurations et ouvrit progressivement le parc et les jardins au public. Le château et plusieurs éléments du domaine sont protégés au titre des monuments historiques, et l'ensemble du domaine bâti et non bâti, y compris son réseau hydraulique, fait l'objet d'inscriptions et de classements ; le parc et les jardins sont labellisés Jardin remarquable. L'ensemble conserve la superposition de phases historiques — fortifications médiévales, demeure de la Renaissance, aménagements du XVIIIe et du XIXe siècles — qui fonde sa valeur patrimoniale.