Origine et histoire du Château d'Agassac
La demeure, d'origine XIIIe siècle, a été reconstruite au début du XIVe siècle puis au XVIIe siècle, et restaurée au XIXe siècle ; elle n’a conservé que peu de traits de sa forme primitive. Le château est construit sur un plan carré, avec des tourelles rondes aux angles percées de meurtrières. Sa façade comporte deux niveaux plus un niveau surélevé. Au nord-est, deux bâtiments rectangulaires sont accolés aux chais et, au nord, se dresse un pigeonnier circulaire. Une partie des quelque cent hectares du domaine est aujourd’hui consacrée à la viticulture. Le château d'Agassac est un domaine viticole du Haut-Médoc, situé dans l'AOC de Ludon-Médoc à quinze minutes au nord de Bordeaux ; il figure parmi les premiers vignobles du Médoc et produit des vins bien notés, classés « Cru bourgeois supérieur » dans le classement de 1932 puis « Cru bourgeois exceptionnel » dans le classement des crus bourgeois de 2020. La tradition locale rapporte qu'une inscription latine découverte dans les souterrains attribue la construction au XVIIIe siècle, mais la notice ne précise pas ce point ; le premier seigneur connu fut Gaillard de Gassac. Les vastes celliers qui jouxtent la forteresse abritent encore aujourd’hui les vins du domaine et témoignent d’une tradition viticole ancienne ; à la fin du XIXe siècle, les domaines d'Agassac et de Pomiès Agassac furent réunis. Le château et ses anciens chais sont inscrits au titre des monuments historiques en 2013. Le premier seigneur attesté, Guillaume-Raymond d'Agassac, est nommé en 1172 et est présenté comme descendant d'Arnaud de Blanquefort ; depuis 1238 la famille Gaillard de Gassac possédait une seigneurie d'environ 800 hectares, de caractère féodal avec fortifications, et son seigneur, vassal du roi d'Angleterre Édouard Ier, fut appelé à Londres en 1299 et participa à la défense de Bourg en 1296. En 1357 la seigneurie fut vendue à Arnaud d'Albret ; plusieurs membres de la maison d'Albret se succédèrent à Agassac, dont Rose d'Albret, jusqu'à ce que la seigneurie passe à la famille Pommiers en 1580. La famille Pommiers prit le titre de baron d'Agassac ; au cours des troubles de 1650 le Haut-Médoc fut ravagé et le château dut être réparé ; en juin 1652 la plupart des membres du Parlement de Guyenne se retirèrent au château chez le président Pommiers et y demeurèrent jusqu'à la fin des troubles, et des réparations furent ensuite effectuées, probablement accompagnées de la démolition de la grande enceinte dont subsistent quelques traces. En 1766 Sauvat de Pommiers épousa Marie-Anne Leblanc Nogues, cousine de l'impératrice Joséphine, et, pendant la Révolution, un quart du domaine fut saisi et vendu comme bien national en l'an IV ; la famille Pommiers resta propriétaire jusqu'en 1841. Les marais du Médoc furent asséchés au XVIIe siècle, ce qui permit la mise en valeur des grands terroirs. Marcel Richier acheta le domaine en 1841 ; la notice le présente comme un agronome et l'attribue comme inventeur du palissage au fil de fer, et sous sa direction les vins furent exportés sous les noms de Château Ludon et Château Pomiès. Le 5 juillet 1961, la propriété passa aux mains de Philippe et Henry Capbern-Gasqueton ; Philippe fut également propriétaire des châteaux Calon-Ségur et du Tertre. En 1996 les assurances Groupama rachetèrent la propriété, des travaux de rénovation furent engagés et la qualité des vins s'améliora, aboutissant au classement « Cru Bourgeois Exceptionnel » en 2020. En 2021 la propriété fut vendue à Gérard Jicquel, également propriétaire du Château Fourcas Dupré. Le terroir d'Agassac, situé dans la partie méridionale de Ludon-Médoc, s'étend sur deux croupes graveleuses et une zone de graves sableuses : la première croupe est constituée de graves garonnaises fines, profondes jusqu'à 3 mètres, favorisant l'écoulement de l'eau et une certaine précocité (5e terrasse de graves médocaines) ; la seconde est formée de grosses graves du Gunz, en tapis de plus de 6 mètres de profondeur et plus argileuse, favorisant des vins plus charpentés (4e terrasse), tandis que des graves sableuses ou colluvions complètent l'ensemble. Le vignoble s'étend sur 43 hectares, planté pour moitié en Merlot, pour 47 % en Cabernet Sauvignon et pour 3 % en Cabernet Franc. Les raisins sont triés au vignoble puis de nouveau au chai ; la vinification s'effectue en 23 cuves inox thermorégulées avec une macération de trois à quatre semaines, puis l'élevage dure de douze à quinze mois, dont 60 % en barriques neuves et 40 % en cuves. Les tonneliers cités sont Taransaud, Mercurey, Saury, Miquel, Doreau, Berger et Allary ; l'embouteillage prévoit un collage aux blancs d'œuf et une légère filtration.