Origine et histoire du Château d'Aiguillon
Le château d'Aiguillon se dresse place du 14-Juillet, dominé par le confluent du Lot et de la Garonne. Il s'agit d'un édifice inachevé : commencé en 1765 pour Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon, il ne comprend que partie du corps principal et l'aile gauche de la cour d'honneur, l'aile nord n'ayant jamais été édifiée. Les façades sont percées de baies rectangulaires encadrées de chambranles moulurés ; les trumeaux portent une table saillante et le fronton de la façade postérieure est décoré d'un groupe sculpté par Roger figurant le Lot et la Garonne. D'autres frontons sculptés, allégories des Arts et des Sciences, sont l'œuvre du sculpteur bordelais Barthélemy Cabirol, rémunéré pour ces travaux en 1776. L'aménagement intérieur et la décoration ont été principalement assurés par Pierre Mollié lors de la seconde campagne de travaux, mais l'intérieur fut dévasté en 1792. Les travaux engagés à partir de 1765 ont d'abord été conduits par André Mollié et son fils Pierre, puis poursuivis sous la direction de Charles Le Roy, ingénieur des Ponts-et-Chaussées arrivé en 1771, qui a établi les plans d'ensemble et un projet d'urbanisme pour la ville ; une troisième campagne permit la construction, entre 1778 et 1780, du pavillon de la Comédie, en prolongement de l'aile sud. Le château s'inscrit dans la tradition classique française avec cour d'honneur et perspectives ouvertes sur la campagne ; il s'appuie partiellement sur des éléments plus anciens, l'ensemble ayant succédé au château du Fossat dont il reprenait l'emplacement de l'aile nord non réalisée. Avant cela, la position stratégique sur le plateau avait abrité au XIIIe siècle au moins deux fortifications, le château de Lunac et le château du Fossat, dont des vestiges médiévaux subsistaient jusque dans le premier quart du XIXe siècle avant d'être démolis ; des arcades gallo-romaines et des traces anciennes ont été signalées dans le secteur. La baronnie et le duché d'Aiguillon ont appartenu successivement à plusieurs familles nobles avant d'entrer dans la sphère des Vignerot du Plessis, Richelieu et, finalement, d'Emmanuel-Armand, commanditaire du nouveau château. Après l'émigration du dernier duc en 1792 le château devint bien national : le mobilier et la bibliothèque musicale furent triés, une partie des œuvres rejoignit les collections du futur musée d'Agen, certaines pièces furent détruites et le reste du mobilier vendu aux enchères. Au XIXe siècle, des pavillons, grilles et portails furent dispersés et le bâtiment fut adapté en magasin des tabacs en 1852 ; les derniers vestiges du château médiéval furent détruits en 1834. La commune demanda le classement du site en 1922 ; finalement, les façades et couvertures du corps principal et de l'aile gauche ainsi que la rampe en fer forgé de l'escalier furent inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 20 juin 1925, puis les façades et toitures des pavillons bordant la cour d'honneur par un nouvel arrêté du 4 août 1951. Restauré entre 1964 et 1966 sous la conduite de l'architecte des bâtiments de France Jean Payen, le château fut affecté au lycée Stendhal, fonction qu'il conserve depuis son inauguration.