Origine et histoire
Le château d'Alincourt, édifice médiéval remanié au XVIe siècle, se situe à Parnes dans l'Oise, à proximité de la vallée de l'Epte et de Magny-en-Vexin. Il a été largement reconstruit par Pierre Le Gendre, trésorier de France sous Louis XII et François Ier, qui a employé le style brique et pierre en damiers et lits alternés. Fils de Jean Le Gendre, trésorier des guerres et seigneur de Villeroy, Pierre acquiert le domaine d'Alincourt en décembre 1488 auprès de Philippe de Courcelles et y mène d'importants travaux : il agrandit le manoir médiéval, élève de nouveaux bâtiments et multiplie les achats de fiefs et de manoirs alentour. Receveur des aides à Rouen, puis appelé à travailler à Paris auprès de son père, il succède à ce dernier et occupe successivement les charges de trésorier de France, général des aides et prévôt des marchands. Pierre Le Gendre meurt en 1525 sans enfants ; son testament favorise son neveu Nicolas II de Neufville et son inventaire après décès est dressé le 18 février 1525; son corps est inhumé au cimetière des Innocents à Paris et son cœur placé dans l'église de Magny-en-Vexin. La famille de Neufville-Villeroy ajoute une nouvelle aile au château au XVIIe siècle et laisse des tombeaux conservés dans l'église de Magny-en-Vexin, dont trois orants classés monuments historiques. Le domaine passe ensuite entre différentes familles — Ollivier (comte de Senozan), Vallière, Bobierre, Rémond, Détourbet, Bérenger et Giran — les successions se faisant par descendance et héritage; les filles de la famille Bérenger fondent un ordre religieux destiné à aider des femmes en difficulté en leur proposant des colonies de vacances. Le château, les communs, les fortifications, le colombier et le parc sont classés monuments historiques par arrêté du 1er février 1944. En 1954, des travaux de réparation de la couverture du corps d'entrée côté nord sont entrepris. En 1976, la vicomtesse Katherine d'Herbais de Thun acquiert Alincourt ; remariée au comte Hubert le Grelle, elle initie d'importantes restaurations partiellement financées par l'ouverture au public et par de nombreux tournages. L'inventaire après décès resté sur place a été étudié au XIXe siècle par Camille Sarazin puis par Dominique Hervier et Philippe Champy. À la suite d'une vente judiciaire, le château est acheté en janvier 2009 par Alain Duménil; le contrat de location du parc aménagé en camping est annulé et les quelque 80 emplacements occupés doivent être libérés. Depuis, le château est fermé au public.
L'ensemble bâti présente des matériaux variés — moellons, pierres de taille, briques — et résulte d'additions successives. Lors de l'achat de 1488 il existait déjà un manoir que Pierre Le Gendre agrandit significativement : l'aile gauche en moellons crépis avec angles en pierre de taille appartient à la seconde moitié du XVe siècle, tandis que l'aile en briques et pierres date du tout début du XVIe siècle. Les Neufville-Villeroy poursuivent les travaux aux XVIe et XVIIe siècles ; Nicolas de Neufville de Villeroy fait élever vers 1565 un mur d'enceinte fortifié qui clôtait cent hectares de parc, dont seuls trois côtés subsistent, et fait édifier une chapelle dédiée à saint Eutrope, datée de 1576. Les transformations concernent aussi la poterne, le colombier de pied, les tourelles d'angle en encorbellement, l'appareillage varié des murs et une tour d'escalier octogonale surmontée de créneaux percés d'archères et de mâchicoulis sur consoles, éléments destinés davantage au prestige qu'à la défense. La chapelle, sobre et homogène, est composée d'une nef unique et d'une abside à cinq pans; son portail nord est encadré de deux colonnes cannelées soutenant un entablement couronné d'un fronton triangulaire. Un blochet de la charpente porte la date de 1576, reprise sur une petite tribune accessible par un escalier à vis en pierre qui débouche sur une galerie communicant avec d'anciens appartements; une grille en bois sépare le chœur de la nef.
Le domaine a servi de décor à plusieurs films, parmi lesquels Les Trois Mousquetaires (1961) de Bernard Borderie, Le Fou du roi (1984) d'Yvan Chiffre, le film musical expérimental Bel Air de l'image (1997) du groupe Malice Mizer, The Affair of the Necklace (2001) de Charles Shyer et Blanche (2002) de Bernie Bonvoisin.