Origine et histoire du Château d'Angers
Le château d'Angers, aussi appelé château des ducs d'Anjou, domine la Maine depuis un promontoire de schiste et associe une forteresse royale du XIIIe siècle à des bâtiments résidentiels ducaux. Le site est occupé depuis le Mésolithique : des fouilles ont mis au jour un cairn néolithique ainsi que des traces d'occupations gauloise et romaine. Les parties les plus anciennes datent des Xe–XIe siècles, époque des comtes ingelgériens, et comprennent des élévations de la grande salle comtale. Après l'incendie du début du XIIe siècle, Henri II Plantagenêt reconstruit des éléments tels que la collégiale Saint‑Laud et des aménagements dans le mur ouest. Sous Louis IX, la forteresse actuelle est élevée à partir de 1230 : elle forme une enceinte d'environ 800 mètres ponctuée de dix‑sept tours. Ces tours, larges d'environ dix‑huit mètres et hautes d'une trentaine de mètres, sont bâties en alternance de schiste et de tuffeau. Les murailles sont renforcées à la fin du XVIe siècle par un épais rempart de terre et plusieurs tours sont arasées pour installer des plates‑formes d'artillerie et des canonnières. À partir du XIVe siècle, le château devient résidence ducale et connaît d'importantes transformations : aménagement de logis, rénovation de la grande salle, construction d'une chapelle et édification d'un châtelet au XVe siècle. Louis Ier d'Anjou commande vers 1373 la tenture de l'Apocalypse, œuvre monumentale qui est conservée dans la galerie dédiée depuis 1954. Louis II fait ériger le logis royal et la chapelle Saint‑Jean‑Baptiste au début du XVe siècle ; Yolande d'Aragon fait restaurer les défenses et y installe la relique de la Vraie Croix. René d'Anjou double le logis d'une galerie entre 1435 et 1453 ; son escalier porte sa devise et ouvre la demeure sur la cour seigneuriale. Le châtelet d'entrée, attribué à Guillaume Robin, complète l'ensemble autour de 1450–1456. Revenu sous autorité royale à la fin du XVe siècle, le château est ensuite adapté aux armes à feu au XVIe siècle par des architectes militaires et fait l'objet d'arasements partiels ordonnés en 1585, travaux partiellement menés puis interrompus. Aux XVIIe et XVIIIe siècles il sert de prison d'État, de garnison et d'hospice pour invalides ; au XIXe et au début du XXe siècle l'armée y installe prisons, arsenaux et ateliers. Pendant la Seconde Guerre mondiale le site, occupé par les Allemands, sert de dépôt de munitions et subit des bombardements en mai 1944 qui endommagent la chapelle et le logis royal. Après 1945 l'architecte Bernard Vitry restaure le monument et réalise la galerie destinée à présenter la tenture de l'Apocalypse. Des fouilles préventives conduites entre 1992 et 2003 ont mis en lumière les vestiges du palais comtal et des occupations anciennes, enrichissant la connaissance du site. Un incendie en janvier 2009 détruit la toiture du logis royal sans endommager la tenture ; la restauration du logis se termine en 2014. Le plan médiéval reste lisible : enceinte et tours, porte des Champs et porte de la Ville, fossés aujourd'hui transformés en jardins et cours intérieures séparant basse‑cour et cour seigneuriale. La grande salle comtale conserve des aménagements successifs depuis le Xe siècle, et les chapelles témoignent des usages religieux du château à travers les siècles. La galerie du roi René, les voûtes et les clefs armoriées, ainsi que le châtelet et le logis du gouverneur, illustrent la superposition des fonctions militaire et résidentielle. Aujourd'hui le château abrite la tenture de l'Apocalypse, des espaces d'accueil et d'exposition restaurés, et fait partie des monuments gérés par le Centre des monuments nationaux.